Seghir Lazri travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes. Dans cette chronique, il passe quelques clichés du sport au crible des sciences sociales. Comment le social explique le sport, et inversement.
«Nous disons oui à l’armure d’Iron Man et non à l’augmentation et à la mutation génétique de Spider-Man.» Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette déclaration n’est pas extraite du dernier film Marvel, mais d’un discours de la ministre des Armées, Florence Parly. Lors d’une allocution en décembre, la ministre a officiellement ouvert la voie à la mise en place «d’un soldat augmenté», autrement dit à autoriser des modifications «techniques» chez les militaires en vue d’augmenter leurs capacités d’action. Exosquelettes pour porter des charges plus lourdes ou opération de la cornée pour améliorer la vision (nocturne notamment), ces transformations apparaissent selon les institutions militaires presque indispensables, aujourd’hui, au regard de la nature des interventions et des conflits. Si cette amélioration du soldat doit être pleinement encadrée par un comité d’éthique, elle s’inscrit dans un idéal social que ne cesse de promouvoir un autre univers, celui du monde du sport. Dès lors, en quoi le sport en participe-t-il à l’émergence de soldats augmentés ?
La gymnastique comme préparation militaire
Historiquement, le développement du sport moderne est en quelque sorte indissociable de l’univers militaire. A