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Libération
«Sportswashing»

Les entreprises du gaz et du pétrole «polluent» le sport avec 5,6 milliards de dollars de partenariat, selon une étude

Un rapport publié par le New Weather Institute ce mercredi 18 septembre révèle que l’industrie pétrolière et gazière finance le sport à hauteur de plusieurs milliards de dollars dans le cadre de 205 accords de parrainages. Les auteurs du texte dénoncent un «sportswashing».
TotalEnergies sponsorise par exemple la CAF Champions League d'Afrique, ici au stade Mohammed V de Casablanca au Maroc, le 28 mars 2023. (Nour Akanja/ PA Photos. ABACA)
publié le 18 septembre 2024 à 12h14

340 millions de dollars investis par TotalEnergies, 470 millions de dollars pour son concurrent Shell, ou encore 1,3 milliard de dollars financé par l’entreprise saoudienne Aramco, leader mondial du pétrole… «Les parrainages des entreprises fossiles» qui «polluent le sport» et leurs énormes montants sont au cœur d’une nouvelle étude publiée ce mercredi 18 septembre par le New Weather Institute.

Sponsor du Mondial de rugby

L’organisme à l’origine de la publication, un groupe de réflexion dédié à la transition écologique, a décidé de recenser les parrainages qui lient les géants du gaz et du pétrole avec différentes structures sportives. Pas moins de 205 de ces liens commerciaux ont été identifiés. Le football, sport roi dans le monde, a signé 59 de ces sponsorings faramineux, pour une enveloppe totale de 994 millions de dollars. Juste derrière, les sports automobiles attirent 40 parrainages mais obtiennent en contrepartie 2,8 milliards de dollars. Au total, l’étude passe au crible 19 disciplines sportives, dont le rugby, le golf, le hockey sur glace ou encore le cyclisme, toutes concernées par des accords de plusieurs millions de dollars.

Autre exemple, TotalEnergies a sponsorisé le Mondial de rugby, à Paris en 2023. Mais sous le feu des critiques, le géant du pétrole avait dû se faire discret dans les fans zones. En effet, il avait été la cible d’actions de militants d’Extinction Rebellion, qui avaient déversé du pétrole devant la Fédération française de rugby pour protester contre la présence du groupe.

«L’avenir des athlètes» menacé

Cependant, sur tous les accords recensés, seuls 41 rendent leurs données publiques, le New Weather Institute a donc dû réaliser des estimations en se basant sur des parrainages similaires. Les auteurs de l’étude chiffrent alors le montant total de ces financements à 5,6 milliards de dollars. Les auteurs du rapport déplorent notamment une présence de plus en plus forte des Etats du Proche et Moyen-Orient dans le financement du sport. Le rapport estime que 4,5 milliards de dollars ont été investis dans les ligues et clubs sportifs par les pays du Golfe entre 2022 et 2023.

Andrew Simms, codirecteur du New Weather Institute, alerte dans un communiqué sur la pollution et les dommages environnementaux générés par ces industries, qui «menacent l’avenir même des athlètes, des supporters et des événements allant des Jeux olympiques d’hiver aux Coupes du monde. Si le sport veut avoir un avenir, il doit se débarrasser de l’argent sale des grands pollueurs et cesser de promouvoir sa propre destruction».

L’étude cite des catastrophes climatiques qui ont eu un impact direct sur des compétitions sportives, comme les incendies liés à une sécheresse ayant perturbé l’Open de tennis d’Australie en 2020, ou encore le typhon Hagabis survenu lors de la Coupe du monde de rugby 2019 au Japon.