Derrière les têtes d’affiche tricolores de Paris 2024 – Teddy Riner, Clarisse Agbégnénou, Léon Marchand ou Kevin Mayer – prospère une brochette de talents encore trop peu connus, qui sont autant de chances de médailles cet été. Revue des troupes.
Félix Lebrun, king pong
Une prise porte-plume qui va faire couler beaucoup d’encre. Outre sa façon très particulière de tenir sa raquette, le pongiste Félix Lebrun multiplie les singularités. Son âge : troisième joueur le plus jeune de l’histoire du ping à intégrer le top 10 mondial (actuellement 8e), il sera encore mineur aux Jeux. S’il n’affichait pas trois ans de moins, il passerait pour le jumeau de son frère Alexis (23e mondial) que l’on devrait voir également à Paris. Et son parcours : lui et son frère n’ont jamais quitté Montpellier et leur club formateur.
Antoine Dupont, JO de 15 à 7
Les mathématiques du rugby sont plus logiques que les rebonds d’un ballon ovale : moins il y a de joueurs, plus ils doivent multiplier leurs efforts. Et c’est l’inconnue de l’équation que devra résoudre Antoine Dupont en passant du 15 au 7. Son talent et son sens du rugby compenseront-ils son manque d’expérience dans une discipline où tout diffère ? Le 7 de France ne sera pas favori du tournoi comme le XV l’était de la Coupe du monde. Plus d’action, moins de pression : le compte sera-t-il bon ?
Anastasiia Kirpichnikova, nageuse libérée
D’origine russe, Anastasiia Kirpichnikova nage désormais sous les couleurs de la France qui l’a naturalisée en avril. Et en décembre elle a apporté deux titres européens à sa patrie d’adoption sur 800 m et 1 500 m nage libre. La prodige de 23 ans marche sur les pas de Laure Manaudou, commence à battre ses records, s’entraîne depuis quatre ans auprès d’un certain Philippe Lucas… De quoi décrocher, elle aussi, un titre olympique ?
Shirine Boukli, judoka super déter
Tokyo, trop tôt. Propulsée en 2021 au terme d’une saison révélatoire (une couronne européenne tout juste sortie des juniors), la Gardoise s’était liquéfiée le jour J. Grosse bosseuse, la super-légère de 24 ans à la com au cordeau et aux hanches tranchantes revient surdéterminée, dossard de vice-championne du monde des -48 kilos dans le dos, son magistère en équipe de France bousculé par l’émergence d’une autre sensation, Blandine Pont. Mais Boukli n’a pas craqué, et ouvrira donc la semaine judo des Français.
Maxime Grousset, nageur en eau vive
Aux derniers Mondiaux, tous les yeux étaient braqués sur son pote Léon (Marchand). Une seconde locomotive tractait pourtant le tableau des médailles françaises : Maxime (Grousset), couronné d’or en 100 m papillon. Depuis qu’il a quitté sa Nouvelle-Calédonie natale, en 2016, il enchaîne les titres et s’est encore illustré récemment en devenant champion d’Europe du 100m nage libre. Pas question, donc, de papillonner quand il s’élancera dans le bassin olympique.
Alexandre Léauté, paracycliste polyvalent
Glouton aux Mondiaux de paracyclisme en 2023 (cinq médailles d’or, sur piste et sur route !), le Breton de 23 ans a été victime à sa naissance d’un AVC, entraînant une atteinte partielle de sa motricité et le privant de 95 % de la puissance de la partie droite de son corps. A Paris, celui qui ne pédale donc que d’une seule jambe rêve de continuer à briller sur piste comme sur route, même s’il sera aligné, dans les rues de la capitale, face à des adversaires porteurs d’un handicap moins important que le sien.
Alice Finot, demi-fondeuse à fond
Sur le site d’Alice Finot, l’objectif est clairement affiché : une médaille à Paris. Et à voir la détermination et la méticulosité avec lesquelles cette ingénieure de métier a mené sa carrière de demi-fondeuse depuis ses débuts en 2016 – elle avait déjà 25 ans – jusqu’à sa 5e place mondiale en 2023 – record de France en prime –, nul doute que son cahier des charges pour arriver au top de sa forme le 4 août en série du 3 000 m steeple, a été peaufiné.
Coline Devillard, gymnaste de ressort en record
Les yeux sont rivés sur sa comparse Mélanie de Jesus Dos Santos. Pourtant, l’espoir de la gym française, c’est elle : Coline Devillard, 22 ans, 1,48 m et des ressorts en guise de pieds. Vingt ans après l’or à Athènes d’Emilie Le Pennec aux barres asymétriques, la solaire virevolteuse de Saône-et-Loire pourrait décrocher le graal au saut de cheval. Double championne d’Europe à cet agrès en 2017 et 2023, médaillée de bronze aux mondiaux en 2022, elle maîtrise le yourchenko double vrille. Le quoi ? Vous verrez.
Victor Wembanyama, basketteur grandeur nature
Nouveau cyborg du basket français, Victor Wembanyama, 19 ans, perché à 2,24 m, devrait former avec Rudy Gobert la raquette la plus folle de la scène internationale aux JO. Une palissade défensive doublée d’une féroce boîte à baffes, pour peu que le rookie emmagasine suffisamment de vice et de muscles pour se farcir les intérieurs très techniques que propose le basket Fiba – les normes du jeu ne sont pas les mêmes qu’aux Etats-Unis. Avec lui et les ultimes soldats de la génération Parker, la France, vice-championne olympique, espère une nouvelle breloque.
Allan Morante, trampoliniste acrobate
Imposer sa trempe sur le trampo, tel est le pari d’Allan Morante, 29 ans, dont plus de vingt passés à sauter. L’expert ès triple salto arrière et vrilles vertigineuses avait déçu à Tokyo, éliminé dès les qualifs. Depuis, l’acrobate dionysien s’est relevé. En 2022, il a décroché l’or aux championnats d’Europe et l’argent aux mondiaux – une première française depuis 2003. De quoi injecter de bonnes ondes hexagonales dans un sport méconnu et pourtant plein de rebondissements.
Oriane Bertone, escaladeuse haut perchée
Les ascensions express, Oriane Bertone connaît. La grimpeuse tout juste majeure franchit les étapes du haut niveau aussi vite que les murs en compétition. Chez les juniors, la Niçoise grandie à la Réunion cumule deux titres aux championnats d’Europe et du monde junior. Chez les grandes, sa première victoire en Coupe du monde devant la quasi imbattable Slovène Janja Garnbret et sa médaille d’argent aux championnats du monde 2023 la propulsent parmi les favorites à Paris.
Sandrine Martinet-Aurières, para-judoka puissance 6
Sa dernière médaille remonte au mois d’août (le bronze aux mondiaux de Birmingham), mais c’est bien l’or que Sandrine Martinet-Aurières, «presque 42 ans» pour ses sixièmes JO, espère à Paris. Histoire que les deux enfants (9 et 13 ans) de celle qui soufre d’achromatopsie (maladie rétinienne) «puissent comprendre pourquoi je subis tout ça». Pour ce faire, la triple championne du monde et quadruple médaillée olympique devra dominer la Kazakhe Akmaral Nauatbek. En août, elle lui avait barré la route de la finale.