C’est un Olympique de Marseille sans direction et sans entraîneur, pas plus administrative que sportive, qui s’est envolé mercredi pour Amsterdam et leur entrée dans la Ligue Europa face à l’Ajax. Une situation invraisemblable qui prend sa source dans une réunion, lundi 18 septembre dans la soirée, entre les leaders des associations de supporteurs et quatre dirigeants du club phocéen : le président, Pablo Longoria, son bras droit et directeur sportif, Javier Ribalta, le directeur financier, Stéphane Tessier et le directeur général, Pedro Iriondo.
Les revendications des supporteurs de l’OM tiennent alors – et tiennent toujours – en un mot : dehors. Les quatre. Ce qui leur est reproché, selon l’Equipe : de «magouiller» (le mot sera lâché) à tous les étages, de privilégier tel circuit d’agent plutôt que tel autre (manière de dire que Longoria s’y retrouve à titre personnel) et plus généralement l’intention ne noyauter le club avec des fidèles, ce qui creuse un fossé entre l’OM et son biotope local. Toujours selon le quotidien sportif, l’entraîneur, Marcelino, est évoqué : «Si vous ne partez pas, vous et votre coach de DH [aujourd’hui R1, anciennement division d’honneur, dans les tréfonds des championnats amateurs, ndlr], vous verrez», aurait lâché Rachid Zeroual, patron des South Winners et éternel faiseur de rois (ainsi que coupeur de tête, le sélectionneur tricolore Didier Deschamps, fermement invité à partir en 2012, en sait quelque chose) à l’Olympique de Marseille.
«Attaques» et «diffamation»
Ce qui pose la question des moyens de pression employés à l’encontre de la direction. Mardi 19 septembre, Eurosport Espagne a fait état de menaces de mort. Elles ont été écartées par les participants à la réunion, d’un camp comme de l’autre. Certains représentants des groupes de supporteurs ont, en revanche, clairement laissé entendre qu’ils avaient des «dossiers» susceptibles d’embarrasser Longoria et Ribalta, ainsi attaqués sur leur gestion et sur le plan moral, ce qui peut s’apparenter à une tentative de chantage (si vous restez, on balance) ou, au choix, à un échange de bons procédés dans la plus pure tradition du club marseillais.
Partiellement entendu, pour l’heure, par les dirigeants de l’OM. Mardi, tard dans la soirée, le club a en effet publié un communiqué annonçant d’une part que les quatre hommes ne seront pas à Amsterdam mercredi, mais aussi qu’ils prennent «un temps de réflexion» avant de retourner pleinement à leurs fonctions respectives, ce qui ressemble fort à un demi-retrait. «La menace d’une guerre [sic] a été brandie lundi par des associations de supporteurs à l’égard de la direction tant qu’elle ne démissionnerait pas […], précise aussi le communiqué. Le directoire de l’OM ne peut accepter des menaces personnelles. Ses membres ne peuvent tolérer des attaques personnelles et toute forme de diffamation publiques infondées. Une relation basée sur l’intimidation ne peut garantir les conditions minimales acceptables pour que le directoire du club puisse continuer à s’investir pour la transformation de l’OM.» Une défense relativement timide, ressemblant plus à une fuite qu’autre chose, aucune poursuite au pénal pour menace n’étant par exemple invoquée.
Combativité dans la tempête
Proche de Longoria, qu’il a connu au Recreativo Huelva voilà une quinzaine d’années, l’entraîneur phocéen, Marcelino, a ainsi expliqué à son groupe mardi qu’il en avait terminé avec l’Olympique de Marseille, à la fois par fidélité envers son président et parce qu’il constate que le contexte, hautement inflammable, n’est pas propice pour atteindre le niveau de performance exigé. Il aurait été recadré mardi après-midi par Longoria lui-même, ce dernier exigeant de lui plus de combativité dans la tempête. C’était avant le communiqué annonçant la mise en retrait, certes encore relative, du dirigeant et de son équipe. Ce mercredi, Marcelino n’est pas monté dans le bus qui amenait les joueurs à l’aéroport de Marignane.
Dans l’après-midi, l’OM publiait un nouveau communiqué : «Les événements du 18 septembre dernier ne permettent pas à Marcelino et à son staff technique d’exercer dans de bonnes conditions la fonction pour laquelle ils ont été engagés. En conséquence de cette situation déplorable, Marcelino et son staff ne poursuivront pas leur mission à l’Olympique de Marseille.» Et le club de regretter que ce départ s’effectue «pour des raisons extra-sportives».
Actualisé à 14h40 avec le départ de Marcelino