Soyons honnête : la finale du 10 000 m masculin, dimanche 14 septembre à Tokyo, ne figurait pas en tête de liste des moments forts d’une soirée où la fédération internationale d’athlétisme (World Athletics) avait eu l’improbable idée de caser en toute fin de programme les deux finales du 100 m, hommes et femmes, en moins de dix minutes. Avec ses 25 tours, la course la plus longue du stade avait tout, pour le public, d’un trop copieux et interminable plat de résistance. Et, pour ses concurrents, d’une guerre d’usure contre la chaleur et l’humidité à l’issue très incertaine.
«Je ne m’interdis aucun rêve»
Mais un Français au visage mangé par une courte barbe blonde, fort en gueule mais fin comme une sardine, a déjoué tous les pronostics. Par la grâce d’un finish de meurt-de-faim, il a renvoyé par le fond les certitudes des habituels maîtres du jeu, Ethiopiens et Kényans, réveillé un stade gagné par la torpeur et écrit une page d’histoire. Son nom : Jimmy Gressier. A 28 ans, le Nordiste né et élevé entre football et athlétisme à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), dans le quartier du Chemin vert, a offert aux Bleu