Vingt sur vingt. Sur un pas de tir plus calme et sous un soleil resplendissant qui a fait monter le mercure à huit degrés, Justine Braisaz-Bouchet a blanchi ses vingt cibles. Et la skieuse des Saisies s’en est allée rejoindre l’arrivée avec une large avance, accueillie par tout le staff français en haut de la dernière montée par une ola, pour devenir championne du monde de la mass-start, ce dimanche 18 février à Nove Mesto.
Vingt sur vingt, ce pourrait presque être la note des Bleues sur ces mondiaux de biathlon, tant les tricolores ont dominé outrageusement la concurrence en République tchèque. Au cœur des Monts de Bohème-Moravie, trois biathlètes françaises notamment – Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet donc, et Lou Jeanmonnot – ont réalisé une véritable razzia. Ces trois-là, entraînées par Cyril Burdet (prépa physique) et Jean-Paul Giachino (tir), ont décroché huit médailles individuelles sur douze en jeu, illustration d’un collectif à la densité jamais vue. Pas étonnant, dès lors, que le titre sur le relais féminin, le premier de l’histoire en championnats du monde pour les Françaises, soit également tombé dans l’escarcelle tricolore cet hiver.
Larges sourires
Cette démonstration collective, cumulée à des podiums en relais mixte, mixte simple et masculin, permet à la France de totaliser treize médailles dont six titres, améliorant son meilleur total ramassé aux mondiaux 2016 à Oslo (onze médailles dont six titres).
Une moisson cohérente avec la première partie de saison. Là encore côté dames, les statistiques détonnent : quinze podiums individuels, huit victoires sur quatorze possibles, trois lauréates différentes, quatre athlètes montées sur la boîte. Habituelle par le passé pour des nations comme la Norvège ou l’Allemagne, cette densité parmi les meilleures mondiales est une véritable nouveauté pour la France chez les femmes.
De larges sourires, qui font oublier les déboires de la présaison entre Julia Simon et Justine Braisaz-Bouchet. Les deux têtes de gondoles de cette équipe de France, toutes deux âgées de 27 ans et licenciées au club des Saisies, sont parallèlement opposées sur le terrain judiciaire depuis le dépôt de deux plaintes contre Simon, dont une par Braisaz-Bouchet, pour fraude à la carte bancaire (Simon a de son côté porté plainte contre X pour usurpation d’identité). L’affaire a vite été reléguée au second plan avec les résultats des Françaises. D’autant que les deux, qui n’ont jamais été de grandes amies, ont su faire fi de la sphère privée pour se mettre au diapason lorsque ça compte.
Les hommes en retrait
A l’inverse, leurs homologues masculins, jadis en verve à l’époque Martin Fourcade ou Quentin Fillon-Maillet version JO d’hiver 2022, n’ont su glaner qu’une médaille si l’on écarte les relais. Là aussi à l’image de leur exercice 2023-2024 : ces messieurs débarquaient à Nove Mesto dans un état d’esprit et une dynamique opposée : aucun podium individuel, du jamais vu depuis plus de trois décennies. Des performances en deçà des espérances placées sur «QFM» ou Emilien Jacquelin en début de saison. Les Français ont pioché sur une grande partie des courses, subissant le joug norvégien, eux qui n’avaient laissé avant les mondiaux que onze places sur le podium (sur 42 possibles) aux autres nations.
Reste que ces mondiaux ne sont pas non plus à oublier. Sur la mass-start dimanche, ultime épreuve de la quinzaine, Fillon-Maillet a accroché le bronze, son premier podium de la saison. Et repart avec quatre médailles, son meilleur total sur des mondiaux. «Rentrer avec deux médailles d’or (relais mixte et relais mixte simple) et deux médailles de bronze (relais et mass-start), c’est super. La saison ne sera pas gâchée, a assuré Fillon Maillet, qui totalise quinze médailles mondiales désormais. Ça met du baume au cœur et ça lance bien la fin de saison.»