Rétrospectivement, Darya Bilodid serait presque nostalgique du temps pas si lointain où les régimes étaient le principal cauchemar de son existence. Faire rentrer son mètre soixante-douze dans les 48 kilos de la catégorie qui l’avait faite reine – premier titre européen senior à 16 ans, titre mondial à 18 –, Darya Bilodid a longtemps su faire, même si le report d’un an des Jeux de Tokyo entraîna sans doute les privations de trop (elle n’y termina «que» troisième).
La star du judo ukrainien, près de 500 000 abonnés sur Instagram, entrera en lice samedi aux championnats du monde de Tachkent dans la catégorie des -57 kilos, dans laquelle elle concourt désormais. L’aboutissement sportif d’une année évidemment chamboulée par les conséquences de l’invasion russe en Ukraine. Bilodid est arrivée avec sa mère, sa grand-mère et son chien le 19 mars sur la Costa Blanca, après 3 400 kilomètres en voiture à travers la Slovénie, l’Italie, la France et l’Espagne, saisissant la perche tendue par le couple espagnol Sugoi Uriarte et Laura Gómez qui gèrent un centre d’entraînement à Valence.
«Plus de 500 judokas ou anciens judokas au front»
Une vingtaine de compatriotes l’ont peu à peu rejointe, hébergés avec le soutien de la Fédération valencienne de judo. «Lorsque la guerre a commencé, nous étions en stage à Tenerife, complète Vitalii Dubrova, 45 ans, entraîneur en chef de la sélection ukrainienne depuis 2008. Les dix premiers jours, nous ne nous sommes quasiment pas entraînés. Tout le monde se faisait un sang d’encre pour sa famill