Si l’on faisait un sondage, il serait à coup sûr difficile trouver un enfant des années 60 ou 70 qui n’a pas un jour ou l’autre, à la faveur d’une compétition scolaire ou d’un cross communal, foulé la piste d’un stade Michel-Jazy. C’est que l’athlète, mort ce jeudi 1er février à Dax, à 87 ans, était une icône hexagonale, sportif préféré des Français dans les années 60, dont le palmarès, pourtant plus que brillant au cœur d’une époque de vaches maigres pour le sport français, n’était rien à côté de l’immense popularité dont il jouissait, des cours de récréation à celles des usines des Trente Glorieuses. Sa longue rivalité avec Michel Bernard (pas moins médiatique que celle qui opposa Poulidor et Anquetil), sa polyvalence sur les distances du demi-fond au fond (du 800 au 5000 mètres), sa médaille d’argent sur 1 500 m aux Jeux olympiques de Rome (des JO catastrophiques pour la France qui ne rentrera d’Italie qu’avec cinq médailles) et son échec quatre ans plus tard l’avaient érigé en héros populaire. Une «jazymania» qui voyait la télé interrompre son journal pour retransmettre ses tentatives de records du monde ou les passants se masser devant les vitrines des revendeurs de téléviseurs afin de ne pas rater la moindre de ses foulées.
«Chez nous, on dînait d’un bol de chicorée et d’une tartine de saindoux», racontait au Monde en 2016 ce natif d’Oignies (Pas-de-Calais), en 1936 (quatorze ans plus tard, Guy Drut, champion olympique du 110 m haies à Montréal en 1976, na