Un groupe d’une dizaine de filles patiente dans l’entrée du centre sportif universitaire d’Aix-en-Provence, un après-midi ensoleillé de février. Un jeune homme les rejoint, le sourire communicatif. Alors que le groupe se dirige vers la porte de droite, dont on devine grâce au pictogramme qu’il s’agit du vestiaire «femme», il emprunte d’un pas déterminé celle de gauche. «Au moins, j’ai de la place !» plaisante-t-il avant de disparaître. Dans la section junior du pôle Espoir du Pays d’Aix natation (PAN), Quentin Rakotomalala est le seul homme. En 2019, le natif de Marseille montait sur la plus haute marche du podium des championnats de France, tandis que les deux autres restaient vides. Depuis cinq ans, il est le seul participant de l’épreuve du solo masculin. «Un titre reste un titre, mais on ne savoure pas la victoire de la même manière lorsqu’on est premier et dernier en même temps», admet le nageur.
Longtemps stigmatisée, la natation artistique masculine n’en est qu’à ses débuts. Rakotomalala semble pourtant avoir pris une longueur d’avance. A 19 ans, il a déjà inscrit son nom dans l’histoire de la discipline en décrochant la médaille de bronze en solo libre aux championnats d’Europe à Rome, en août. Pour la première fois depuis l’apparition des duos mixtes aux Mondiaux de 2015, une compétition internationale a accueilli une épreuve 100% masculine. «Je savais que la discipline s’ouvrait aux hommes et qu’il y avait quelque chose de grand à faire dans ce spor