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Libération
Surprise (non)

Noël Le Graët repart pour un tour à la tête de la FFF

Noël Le Graët a été reconduit ce samedi à la tête de la FFF pour quatre ans. Cette figure du football français, qui dirige la fédération depuis 2011, est réélue pour la troisième fois.
A 79 ans, Noël Le Graët rempile à la tête de la FFF. (Alain Jocard/AFP)
publié le 13 mars 2021 à 14h26

Un mandat de plus. Le menhir du football français Noël Le Graët a été reconduit ce samedi à la tête de la Fédération pour quatre ans, alors qu’il la dirige depuis 2011. Un nouveau succès pour le Breton de 79 ans. Pour la troisième fois après 2012 et 2017, il a largement été réélu président de la FFF, et ce dès le premier tour dont il a été déclaré vainqueur avec 73,02% des voix de l’Assemblée fédérale. Face à lui, son rival Frédéric Thiriez, avocat et ex-dirigeant de la Ligue professionnelle (LFP), s’en sort avec 25,11%. L’homme d’affaires et conseiller de clubs Michel Moulin, quant à lui, a obtenu 1,87% des voix.

Arrivé en 2011 pour redorer le blason d’une Fédération salie par l’affaire Knysna au Mondial 2010 en Afrique du Sud, l’ancien maire de Guingamp repart donc pour un tour, assurément le dernier. «Nous sommes prêts, dès qu’on aura la clé, à rouvrir les stades, pour qu’on puisse retrouver une vie», a-t-il assuré devant l’Assemblée, plaçant la crise sanitaire et le Covid-19 comme «priorité des priorités».

Après avoir mené une campagne axée sur la continuité, l’expérience et sur son bilan face à la crise sanitaire, l’entrepreneur breton, traditionnellement largement soutenu par le football professionnel, a également su convaincre le monde amateur.

«Reconquête»

Celui-ci représentait en effet 63% des voix de l’Assemblée fédérale et ses 207 membres exprimés sur 218 au total, composée des présidents de Ligues régionales et districts, ainsi que d’autres délégués issus des instances locales et des clubs. Réunie en visioconférence pour des raisons sanitaires, l’Assemblée fédérale a semble-t-il été convaincue par le souhait de Noël Le Graët d’ouvrir désormais «la période de la reconquête» : celle des licenciés, des éducateurs et des bénévoles après une nette baisse consécutive à la crise du Covid-19, comme il le disait à l’AFP dans le sprint final de la campagne.

Les critiques sur sur sa gestion interne de la «3F», jugée autoritaire par ses détracteurs, n’ont pas suffi à ses adversaires. Ni même ses dérapages publics, comme lorsqu’il a dit, au sujet du climat délétère chez les Bleues, qu’elles pouvaient «se tirer les cheveux» tant qu’elles gagnaient.

«Pleurer, c’est facile. Apporter les solutions, c’est beaucoup plus compliqué», a-t-il lancé lors de l’Assemblée, exhortant, «dans ces moments difficiles», à être «présent, positif» face à des gens «qui critiquent et n’ont pas envie que cela marche».

L’avocat à la célèbre moustache Frédéric Thiriez (68 ans), soutenu par Basile Boli et Jean-Pierre Papin, n’avait pas mâché ses mots à l’encontre du dirigeant, accusé «d’asphyxier» le monde amateur et de «ne plus maîtriser son langage».

Préparer l’héritage

Mais l’homme fort du football français, architecte de la deuxième étoile décrochée par les Bleus au Mondial-2018 et à l’origine de la nomination du sélectionneur Didier Deschamps, est resté imperturbable face aux attaques. Il estime d’ailleurs n’avoir «aucune leçon à recevoir de personne», alors que sportivement, les trois sélections majeures (masculine, féminine, Espoirs) sont qualifiées pour l’Euro.

Remis d’une leucémie lymphoïde annoncée avant le Mondial de 2018, Noël Le Graët se dit «en pleine forme» pour poursuivre l’aventure, préférant toujours parler d’«expérience» plutôt que d’âge, alors qu’il sera octogénaire en décembre.

Ira-t-il jusqu’au bout de son mandat ? Le terrain est damé pour sa succession, avec en première ligne ses fidèles parmi les fidèles : Marc Keller, président de Strasbourg, voire Jean-Michel Aulas, le patron de l’Olympique lyonnais. Tous deux resteront membres du Comité exécutif de la FFF, auquel ils ont été reconduits pour quatre années. Mais un potentiel passage de témoin à mi-mandat a été évoqué...

En attendant, Le Graët semble déterminé à ne rien modifier à la gouvernance actuelle de sa Fédération, malgré des secousses en interne ces dernières années, notamment relatives aux méthodes managériales de la directrice générale Florence Hardouin.