Round 9. Tyson Fury rebondit aux quatre coins du ring comme une boule de flipper. Bras ballants, le géant anglais, invincible (sur le papier) jusqu’alors, ressemble à ces bibendums gonflables qui se dandinent devant les concessionnaires auto. Il est dans les cordes, dans les vapes, fini. L’Ukrainien Oleksandr Usyk, moustache de braconnier et regard fou d’un évadé d’on ne sait quel bagne enneigé, est sur le point de l’achever. L’arbitre s’interpose et commence à compter. Diiiing ! La cloche sauve l’Anglais avant d’arriver à dix. Le peuple du noble art n’avait pas vibré devant un combat pareil depuis combien de temps ? Dix, vingt ans ?
Dans la nuit de samedi à dimanche, à Riyad (Arabie Saoudite), nouvelle Mecque - c’est voulu - du bourre-pif en mondovision, Usyk est devenu à 37 ans le premier champion unifié des poids lourds depuis un quart de siècle, rassemblant les ceintures d’un sport écartelé en quatre fédérations rivales. Autant dire, comme l’écrivait Norman Mailer, l’équivalent de l’orteil de Dieu, rejoignant, sur l’Olympe des hommes en shorts, des gaillards comme Mohamed Ali,