Avec son binôme Guillaume Cizeron, Gabriella Papadakis a récolté de multiples lauriers (quintuples champions du monde, autant de titres européens, et le graal olympique à Pékin, en 2022) avant de décliner puis d’annoncer, le mois dernier, mettre fin à sa carrière. La Française de 29 ans ne raccroche pas ses patins pour autant. Elle vient d’annoncer former un nouveau «couple», avec l’Américaine Madison Hubbell, elle aussi médaillée olympique (en bronze, en 2022, avec Zachary Donohue). Les deux championnes vont danser ensemble lors d’un gala de patinage en février en Suisse, pour une tournée de plusieurs jours. Avec ce duo, les patineuses souhaitent «briser les stéréotypes de genre».
Déjà, avec Cizeron, Papadakis réprouvait le formalisme genré de son sport. Les deux aimaient les mises en scène créatives, se montraient audacieux. Lors d’un entretien avec Libération peu après Pékin, la patineuse commentait : «Souvent, ce que la danse sur glace a montré au public, ce sont des couples qui jouent au prince et à la princesse, bien politiquement corrects. Nous, on essaie de leur montrer autre chose.»
«Se libérer de ces choses-là»
Dans ce même entretien, Cizeron, qui a fait son coming out dans une lettre ouverte à la une de l’Equipe en mai 2020, imaginait déjà ce que deviendraient leurs carrières respectives (lui a, cette année, créé un programme des Français Evgueniia Lopareva et Geoffrey Brissaud sur de la musique techno) : «Ce qui est bizarre, c’est qu’on est des sportifs de haut niveau mais on se sent probablement plus comme des performeurs que des athlètes.»
Aujourd’hui, avec son ancienne partenaire d’entraînement à Montréal et rivale sur la glace, Papadakis veut casser «les codes un peu hétéronormés, très genrés» d’un sport qui «n’a pas évolué en même temps que la société» et «permettre à des couples de même sexe de pouvoir patiner ensemble», comme elle l’explique à France Bleu Pays d’Auvergne. «Ça va être la première fois que deux femmes patinent ensemble à ce niveau-là dans un spectacle, affirme Papadakis. Ce sont des réflexions que j’ai depuis des années. Permettre à des couples de même sexe de patiner ensemble ça aiderait grandement à se libérer de ces choses-là et à montrer que le patinage peut être plein d’autres choses que ce qu’on a déjà vu.»