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Mens sana in corpore sano

Pour les JO de Paris 2024, l’union fait la force des grands musées nationaux

Danse, art, jeux de piste, parcours sportifs dans les galeries prestigieuses... Cinq des plus grosses institutions culturelles françaises ont présenté leur dispositif inédit lors d’une conférence de presse commune mardi 23 avril.
Le funambule Nathan Paulin traversant la nef du musée d'Orsay, à 43 mètres du sol, le 16 septembre à Paris. (J.F Rollinger/Only France. AFP)
publié le 24 avril 2024 à 11h06

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A les entendre, l’exploit olympique a déjà eu lieu. A l’occasion des JO de Paris, le Louvre, le centre Pompidou, le musée d’Orsay, celui du Quai-Branly et de l’Orangerie ont travaillé ensemble à une programmation foisonnante, mêlant souvent art et danse mais pas que. Cinq des plus grosses institutions culturelles françaises qui bossent de concert, «c’est collector», s’esclaffe Laurent Le Bon, président du centre Pompidou, «allez voir la page 38 du dossier de presse, c’est marqué et vous le ne reverrez jamais». Concrètement, cette union a accouché d’un parcours d’énigmes intitulé «Cinq musées en jeux», pour partir à la recherche de phrases de Coubertin, qu’il faut trouver dans les collections et décoder. «Et le jeu fonctionne, c’est le deuxième miracle», ajoute Le Bon, sautillant presque sur un canapé de cuir installé dans la cour Puget du Louvre, sous l’immense verrière et le regard de statues d’albâtre néoclassiques.

C’est dans ce cadre un peu fou que les cinq musées sont venus présenter, mardi 23 avril, tout ce qu’ils ont imaginé comme événements faisant dialoguer le sport et l’art, en plus du jeu de piste qui dure, lui, jusqu’au 2 juin. Toutes leurs programmations ont été placées sous la bannière officielle de l’Olympiade culturelle, une sélection de plus de 2 000 projets pilotée par la chorégraphe Dominique Hervieu au sein du Comité d’organisation des JO (Cojo). Après les salamalecs de rigueur – «la culture peut faire bouger les gens, le sport peut faire apprendre», s’élance le président du Cojo Tony Estanguet – les directeurs tournent en boucle sur une antienne teintée d’angoisse : ils resteront ouverts en cet été si particulier qui s’annonce. Si les centaines de milliers de touristes sportifs attendus à Paris pouvaient ne pas décourager les visiteurs «culturels» et – mieux – s’ils pouvaient passer une tête dans leurs musées, ils s’en porteraient mieux en ces heures budgétaires compliquées pour tout le monde et alors que la Cour des comptes vient de rendre un rapport sévère sur la gestion du centre Pompidou.

Echasses des Marquises, funambule et bal olympique

A quelques pas de la tour Eiffel et du Trocadéro, haut lieu des compétitions, «on est presque par osmose un site olympique», avance Jérôme Bastianelli, à la tête du musée du Quai-Branly. «On espère que vous viendrez pour le frais de notre jardin mais aussi pour notre parcours 2024» composé d’objets jamais montrés : échasses des îles Marquise ou tenues de lutteurs de Perse. Au musée d’Orsay, «même la section des médailles attire du monde», se félicite Pierre-Emmanuel Lecerf, son administrateur général, qui rappelle que son institution a lancé les festivités olympiques «tôt et haut», en septembre, avec le funambule Nathan Paulin traversant la nef à 43 mètres du sol pendant que neuf acrobates chorégraphiés par Rachid Ouramdane faisaient de la voltige en dessous. En fin de semaine, le musée accueille la chorégraphe Josepha Madoki le temps d’une conférence et d’une performance de «waacking», une «sorte de hip-hop des bras», résume un Lecerf au temps de parole compté, juste de quoi annoncer un «défilé hip-hop» imaginé par Mourad Merzouki et un «bal olympique» fin juin, comme il y a cent ans lors des précédents Jeux de Paris. «Vrai bal sportif costumé», l’événement du 11 juillet 1924 était organisé à la taverne de l’Olympia par l’Amicale des artistes russes à Paris et Picasso, entre autres, signait les illustrations du programme.

Jeune marchand d’art de l’époque, Paul Guillaume faisait partie des noceurs de ce premier bal olympique. A sa mort dix ans plus tard, il légua toutes ses œuvres au musée de l’Orangerie, dont les Nymphéas de Claude Monet qui serviront de décor à une performance des chorégraphes Johanna Faye et Saïdo Lehlouh, le 27 mai. Et l’Orangerie, à deux pas des stades urbains de la Concorde qui s’apprêtent à recevoir la compétition de BMX, de breakdance, de basket 3x3 et skate-board, restera «grande ouvert» tout l’été, insiste bien sa directrice, Claire Bernardi.

«Renforcement musculturel»

Parce qu’il partage avec les JO «une même vocation universelle», souligne sa présidente, Laurence Des Cars, le Louvre n’a pas lésiné sur la programmation. En 1924, le musée accueillait carrément une réunion du Comité international olympique du côté des appartements Napoléon III. Cent ans plus tard, ce sont des «créateurs de notre temps» qui sont mis à l’honneur. En plus de l’exposition «l’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique» (jusqu’au 16 septembre) qui raconte la fabrique de l’olympisme, le musée mise avec humour sur le «renforcement musculturel». «On peut aimer le sport et l’art, c’est même fortement recommandé», lance Laurence Des Cars, puissance invitante rebaptisée «l’impératrice des musées» pour la matinée par Laurent Le Bon.

Au fil du mois de mai, on pourra visiter ladite exposition en compagnie d’un coach sportif pour reproduire les exercices et les positions des statues. On pourra aussi courir dans les 17 km de galerie du «plus grand musée du monde». «A 7h30, le musée est à nous avant l’ouverture au public et l’arrivée des 30 000 visiteurs attendus chaque jour, c’est magique», s’extasie le chorégraphe Mehdi Kerkouche, inventeur du parcours. Mardi matin, après les discours, une trentaine de tapis de yogas attendaient les athlètes d’un jour dans la cour Marly. Pour le disco, ce sera sous le regard de Cariatides.