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Respect de l’environnement : à Chamonix, un club de ski sur la bonne pente

Une saison à la montagnedossier
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Fort de 180 jeunes adhérents, le Chamonix Ski alpin Racing tente de réduire son bilan carbone, notamment en réduisant les trajets en voiture et en remplaçant les trophées par des sapins à replanter.
Le Chamonix Ski alpin Racing s’est lancé dans une démarche de responsabilité sociétale des organisations (RSO), avec un bilan carbone complet. (Jeff Pachoud /AFP)
par François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 10 décembre 2022 à 8h32

Si la Fédération internationale de ski tarde à prendre ses responsabilités environnementales, en bas de la pyramide, des clubs se sont mis en mouvement. C’est le cas du Chamonix Ski alpin Racing, qui regroupe 180 jeunes de 6 à 25 ans et où a été formé le champion Blaise Giezendanner : l’hiver dernier, le club a organisé trois courses «ambition zéro carbone», mettant au défi les jeunes et leurs accompagnants, venus des différents clubs de la longue vallée de l’Arve, à se rendre sur le lieu de compétition en train ou en transport en commun, puis à pied jusqu’aux pistes. «La topographie locale fait qu’on arrive vite à 50 kilomètres aller-retour en voiture pour une course, alors que nous avons la chance d’être très bien desservis par le train, explique Stéphane Balmat, dirigeant du Chamonix Ski alpin Racing. Nous avons ressenti une réelle adhésion à notre projet. Les gamins avaient la banane : prendre le train puis une piste forestière pour 10 minutes de marche, c’était un vrai voyage pour eux !» Le club a aussi symboliquement remplacé les coupes et trophées par de petits sapins en pot, à replanter, fournis par un pépiniériste local.

Fort de ces premiers pas, le club amplifie cet hiver son engagement : accompagné par une consultante spécialisée, il s’est lancé dans une démarche de responsabilité sociétale des organisations (RSO), avec un bilan carbone complet (fonctionnement, déplacements, matériel…) et l’aide d’une bourse de 6 000 euros accordée par la Fédération française de ski. Dans l’attente du plan de réduction de son empreinte carbone sur plusieurs années qui en découlera, le club amplifie déjà ses efforts sur les déplacements : généralisation des transferts en train ou en bus pour les entraînements comme pour les courses, mise au point d’un petit outil informatique interne pour faciliter le covoiturage… «Nous aimons le ski, nous voulons continuer à former de jeunes champions, de futurs moniteurs et pisteurs, alors nous devons nous mettre dans le sens de l’histoire, faire notre part, souligne Stéphane Balmat. Ici à Chamonix, chaque jour nous voyons et entendons les glaciers reculer. Nous éprouvons physiquement le réchauffement climatique, qui affecte déjà notre pratique.»

Le mois dernier, cadres bénévoles et entraîneurs du club ont participé à un atelier «La fresque du climat», qui permet d’intégrer de manière ludique les alertes des scientifiques du Giec, et deux d’entre eux se sont formés pour devenir eux-mêmes animateurs de l’atelier qui va être proposé à tous les enfants du club, mais aussi à ses partenaires, sponsors et aux autres associations sportives de la vallée. «Nous avons la ferme intention de les embarquer avec nous. Nous nous devons d’être moteurs», sourit Stéphane Balmat. La démarche génère «une dynamique interne folle, un élan qui permet d’agréger bénévoles, professionnels, partenaires», témoigne-t-il : au pays de la mer de Glace moribonde, «agir collectivement permet aussi à chacun de se sentir mieux, de réduire son éco-anxiété».