Le soleil de 7 heures du matin vient à peine d’éclairer timidement le stade de l’Aia de Koutaïssi que les jeunes rugbymen de 17 ans sont déjà sur la pelouse en train de s’échauffer. L’immense centre d’entraînement, qui accueille près de 600 jeunes originaires de cette région montagneuse, en grande majorité des garçons, est planté dans une zone quasi en friche de la banlieue de la ville, où seuls quelques chiens errants s’aventurent. «Erti, ori, sami» (un, deux, trois), au son de la voix cadencée de leur coach, les joueurs enchaînent les mauls (un rassemblement de coéquipiers autour du porteur du ballon pour l’aider à avancer à travers les lignes adverses) jusqu’à ce que le geste soit parfait. Sur le terrain, c’est un joyeux mélange de maillots multicolores ; ceux d’équipes françaises ou anglaises se mêlent à celui de l’équipe géorgienne.
Koutaïssi, ville du nord-ouest de la Géorgie, pourrait avoir des airs de Toulouse tant l’ovalie y est omniprésente. Peut-être aussi parce que la poignée d’anciens rugbymen revenus y vivre y parlent un français teinté de l’accent du sud-ouest, héritage de leur passage dans les clubs de l’Hexagone. Tee-shirt grenat floqué du logo de la fédération géorgienne, la large silhouette de l’un d’entre eux, Giorgi Nemsadze, se détache sur le terrain. L’ex-international, qui a passé dix ans de sa carrière en France, est l’entraîneur des jeunes de sa ville natale depuis trois ans : «L’objectif de la formation, c’est de les préparer à une carrièr