Menu
Libération
Compte rendu

Coupe du monde de rugby : face à l’Ecosse, l’Irlande poursuit son récital et défiera la Nouvelle-Zélande

Coupe du monde de rugby 2023 en Francedossier
Clinique et appliqué, le XV du Trèfle n’a pas tremblé face à la menace écossaise (36-14). Premier du groupe B, il affrontera les All Blacks en quarts. Le XV de France jouera le champion en titre sud-africain.
Les Irlandais célèbrent un essai face à l'Ecosse, le 7 octobre au Stade de France. (MATTHIEU MIRVILLE/DPPI via AFP)
publié le 7 octobre 2023 à 23h12

D’assourdissants «Zombie ! Zombie !» clamés par des milliers de supporteurs tout de verts vêtus. Pas de doute : le XV du Trèfle, dont le public a pris l’habitude de reprendre à tue-tête le carton des Cranberries comme un hymne à la joie après chaque victoire, est plus que jamais vivant dans cette Coupe du monde. Le staff irish déplorera tout de même les blessures des deux ailiers stars Mack Hansen et James Lowe, dont on ne sait à ce stade la gravité. Pour le reste, l’essentiel est assuré. Et tant pis pour le suspense : ce vrai faux huitième de finale s’est réglé en une mi-temps. Un réalisme irlandais impitoyable, quatre essais. 26-0 à la pause. Rideau.

La «poule de la mort» a donc rendu son verdict, et l’Ecosse, pourtant cinquième au classement mondial de World Rugby, repart la tête bien basse d’un Stade de France dont aurait dit la réplique grandeur nature de l’Aviva Stadium dublinois. Pouvait-il exister autre issue, tant le défi qui s’imposait à la quinzaine de gaillards dirigés par Greg Townsend s’apparentait à une mission quasi-impossible ?

L’exploit se résumait ainsi : pour une qualification nette et sans bavure, la bande à Finn Russell avait obligation de l’emporter sans laisser le moindre bonus à l’Irlande, numéro un mondial au classement World Rugby, qui n’a plus perdu depuis juillet 2022, soit 16 victoires de rang. Et, qui plus est, restait sur huit succès sur les huit dernières confrontations directes face à l’Ecosse, avec un écart moyen de 14 points.

Mauvais comptes

Les postures d’avant-match de part et d’autre étaient claires et se résumaient en trois mots simples : pas de calculs. Histoire de ne pas s’embêter avec l’arithmétique, le technicien anglais Andy Farrell s’était creusé la tête pour aligner un XV sans faille. Ce qui impliquait d’enlever du terrain le talonneur Ronan Kelleher, dont les lancers avaient coûté quatre touches dans le premier quart d’heure du choc face aux Springboks. Et, plus surprenant, le deuxième ligne James Ryan, l’autre responsable de la touche face aux Springboks, certes pas toujours judicieux dans ses annonces, mais l’homme a traditionnellement la confiance de son coach.

Difficile de toucher au reste, tant les Irlandais présentent ce qui se fait de mieux à chaque poste. Et les 80 minutes écoulées ce samedi ne viendront pas contrebalancer cette vérité. La ligne de trois-quarts notamment, donne toujours autant de satisfactions, avec un Sexton infaillible en maître à jouer et un Bundee Aki plus que jamais au pic de sa forme. En face, un naufrage physique et tactique. Même là où l’Ecosse excelle, c’est-à-dire dans le secteur défensif, l’équipe qui plaque le mieux depuis le début du Mondial a failli. Et très vite : il a fallu moins de 120 secondes pour que Garry Ringrose perce le rideau bleu marine et transmette à James Lowe pour aplatir.

Malgré l’écart sur l’écran d’affichage, on ne peut s’empêcher de penser que cette Écosse-là avait bien mieux à faire ce samedi soir. Notamment en tout début de rencontre, lorsque les innombrables et inhabituelles fautes adverses (quatre pénalités concédées en dix minutes) donnaient au XV du Chardon des occasions en or de recoller au score, voire de passer devant l’Irlande et de mettre la pression sur le favori. N’aurait-il pas fallu, à ce moment précis, assurer à chaque fois les trois points, plutôt que de tenter de franchir l’en-but coûte que coûte et entrevoir l’espoir du bonus offensif ?

Il n’y avait qu’à regarder le bloc vert contrecarrer les déferlantes sud-africaines deux semaines plus tôt, eux-mêmes tombeurs des Ecossais avant, pour vite intégrer l’idée qu’aplatir quatre fois contre ce cru irlandais 2023 relevait de la complète utopie. Autant qu’il était clair, il est vrai, que cette Ecosse version Greg Townsend, connue et reconnue pour son rugby très offensif, donc à risques, n’allait certainement pas s’amuser à modifier son ADN dans un contexte de victoire impérative. Mais cette approche aurait dû s’accommoder d’un peu plus de patience. Surtout en voyant comment plus tard dans la rencontre, les coéquipiers de Finn Russell ont su profiter en deuxième mi-temps des rares temps faibles irlandais pour marquer les points. Deux super essais en deux minutes peu après l’heure de jeu. Il était déjà bien trop tard, avec un score final de 36-14.

Ce succès acquis sans trembler propulse le XV du Trèfle en tête du groupe B. Ce qui signifie que le XV de France bataillera contre les champions du monde en titre sud-africains pour une place en demi-finale. Les Irlandais, eux, s’attaqueront aux Néo-Zélandais dans une autre confrontation de prestige. L’Irlande n’a jamais passé l’étape des quarts. Elle n’a jamais été autant en capacité de le faire qu’aujourd’hui.