La Coupe du monde de rugby n’échappe pas au tour de vis sécuritaire. Dans un télégramme envoyé ce mercredi aux préfets, Gérald Darmanin explique que «le rehaussement de la menace pesant sur le territoire national, matérialisé par le passage en niveau de vigilance «urgence attentat» et par l’activation des mesures Vigipirate spécifiques, nécessite une vigilance particulière sur les lieux de suivi et de célébration liés» à la Coupe du monde. En l’occurrence, les fan zones et les villages rugby mis en place sur tout le territoire.
La circulaire n’est pas une surprise, après que le gouvernement a relevé d’un cran le niveau de vigilance à celui de «Urgence attentat» après la mort le 13 octobre de Dominique Bernard, ce professeur de français assassiné à l’aide d’un couteau vendredi à Arras par un ancien élève de son lycée fiché pour radicalisation islamiste, et dans le contexte inflammable de guerre entre le Hamas et Israël. Pour l’exécutif, une fin de Mondial sans la moindre bévue est primordiale, avec l’horizon des JO de Paris dans quelques mois. Le président du Comité International Olympique, Thomas Bach, est attendu en personne dans l’enceinte de Saint-Denis pour la finale le 28 octobre.
Binôme démineur/équipage cynophile
Ce rehaussement de la sécurisation des sites de la Coupe du monde a pour objectif, selon Gérald Darmanin, «la prévention des actes de terrorisme, mais également la continuité de l’activité et la préservation de la popularité de l’évènement malgré le contexte international et national». Dans la note, le ministre insiste : «Si les prochains matchs se dérouleront exclusivement au Stade de France, un dispositif de sécurité maximale doit être mis en place pour l’ensemble des événements associés.»
Pour les villages rugby, il demande une «très large mobilisation des forces de sécurité intérieure sur la sécurisation des transports tant en Île-de-France que dans l’ensemble des territoires les accueillant», sans préciser si les effectifs allaient être renforcés. Tout au plus sait-on que sur chaque site, il devra y avoir notamment «une colonne d’intervention de forces spécialisées et un binôme démineur/équipage cynophile». Sur les autres fan zones, si de nouvelles devaient être créées (on en doute puisque le XV de France est éliminé), le ministre demande de privilégier les lieux clos (enceintes sportives, salles municipales…), avec des contrôles renforcés.
Lire aussi
Au moment de l’ouverture de la Coupe du monde, début septembre, Gérald Darmanin évoquait un «niveau maximal» de sécurité grâce à une mobilisation «sans précédent» de l’appareil sécuritaire pour un rendez-vous sportif de ce calibre. Concrètement, entre «5 100» policiers et gendarmes sont déployés pour les jours de match et jusqu’à «7 500 effectifs» lors des rencontres à enjeux, autour du stade de France et dans les transports lors de la finale.
Jusqu’ici, les mesures de sécurisation des stades et des autres sites avaient été établies et mises en œuvre «conformément au plan Vigipirate au niveau «Sécurité renforcée - risque d’attentat»», expliquent les organisateurs auprès de Libération. En l’occurrence, il est question de soumettre à deux contrôles successifs (contrôle visuel des manteaux et des sacs, puis palpation) tout détenteur d’un titre d’accès (accréditation ou billet) à un stade. Un dispositif en vigueur depuis 2015 en France.
Côté sécurité privée, 5 000 à 6 000 vigiles sont sur le pont, selon Jacques Rivoal, président du comité d’organisation du Mondial. Le Comité d’Organisation a donné «pour directive aux sociétés de sécurité privée qu’il emploie de se conformer constamment aux standards les plus rigoureux en termes de contrôle», assure France 2023.
Les autorités peuvent en outre s’appuyer sur le centre de renseignement olympique, créé pour les prochains JO. Sans oublier la menace cyber, alors que «la surface d’exposition» du Mondial et des JO «à des attaques informatiques demeure très importante», comme l’a récemment rappelé l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).