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Coupe du monde de rugby : les Néo-Zélandais black-boulent les Argentins et filent en finale

Coupe du monde de rugby 2023 en Francedossier
Trop puissants, trop rapides, supérieurs partout, les All Blacks ont dévoré de faibles Pumas vendredi 20 octobre au Stade de France (44-6). Ils disputeront leur cinquième finale samedi prochain, et tenteront de décrocher une quatrième couronne mondiale.
L'ailier Will Jordan aplatit en première période, le début d'un long calvaire pour les Argentins au Stade de France, le 20 octobre 2023. (Anne-Christine Poujoulat /AFP)
publié le 20 octobre 2023 à 23h01

Point d’exploit, ni de frissons de l’incertitude. Cette première joute des demies opposant les triple champions du monde néo-zélandais et leur victime favorite argentine (2 victoires en 36 matchs seulement), a confirmé ce que l’on pressentait avant et pendant cette Coupe du monde : il y avait bien deux mondes d’écart entre le top 4 mondial et les autres, regroupés dans l’autre moitié plus abordable du tableau, en raison d’un tirage au sort prématuré, effectué trois ans à l’avance par les fins stratèges de World Rugby.

Ce vendredi, d’efficaces All Blacks à défaut d’être 100 % étincelants, ont quand même aisément expédié des Pumas qui pouvaient s’estimer déjà bien heureux d’être ici. Certes conquérante, poussée par une arène parisienne acquise à sa cause – où était venue les soutenir la famille de Federico Martin Aramburu, cet ex-international argentin tué l’année dernière par des membres de l’extrême droite – l’escouade de Michael Cheika a été trop brouillonne devant et coupable de largesses cruciales derrière, pour espérer rallier sa première finale mondiale.

Les espoirs d’un scénario retors ont duré dix minutes. Preuve de la confiance qui anime ces Néo-Zélandais : au lieu d’imiter les Argentins qui avaient ouvert le score au pied, Jordie Barrett a privilégié la pénaltouche quelques instants plus tard pour mieux faire jouer la supériorité physique à coups de ballons portés. Aaron Smith trouve un décalage pour l’intarissable Will Jordan, qui a profité de la démonstration pour inscrire un triplé et dépasser le Français Damian Penaud en tête des joueurs avec le plus d’essais sur le tournoi (8).

Barbelés

Trop précautionneux - peut-être ont-ils voulu ne pas reproduire leurs nombreuses maladresses offensives du tour précédent contre le Pays de Galles –, les Pumas ont joué trop lent, trop tendre quand il aurait sûrement fallu prendre plus de risques dans le premier quart du match. Quand ce fut le cas après, le rêve avait déjà filé. Malgré tout, l’Argentine a eu quelques bonnes séquences ballon en main, mais le rideau noir en a connu d’autres au cours de la compétition, et sait renforcer les barbelés lorsque les avants d’en face pointent leur nez à un mètre de la ligne d’en-but.

Si les Pumas ont beaucoup occupé le camp néo-zélandais en première période, c’est aussi parce que les Blacks ont été moins saillants qu’à l’accoutumée. Eux qui ont l’habitude de démarrer pied au plancher (la France et l’Irlande s’en souviennent) ont cette fois peiné à se sortir de l’étau argentin. Une timide première touche trouvée par Jordie Barrett sous pression a un très bref instant laissé penser que ces All Blacks pouvaient être friables.

Cavalier seul

Mais le groupe s’est assuré toute la semaine écoulée d’être bien redescendu de son nuage irish. Ils ont martelé les mots «prudence», «vigilance» et «respect» devant les micros, avec la bienséance de rigueur. Le demi de mêlée Aaron Smith rappelant notamment le souvenir «douloureux» de la demi-finale perdue contre l’Angleterre (7-19) il y a quatre ans au Japon lorsque la sélection était déjà étiquetée favorite.

Aussi les Blacks se sont-ils assurés de bien tuer la rencontre au bout du bout du premier acte. Le match se termine là : après 10 phases de jeu, une percée plein axe de l’ailier Mark Telea fait sauter le verrou sud-américain, pour une conclusion du troisième ligne Shannon Frizell, qui en remettra un autre au retour des vestiaires.

La deuxième période n’est qu’un long et interminable cavalier seul. D’autant qu’elle démarre par une nouvelle fulgurance d’Aaron Smith, une fois de plus délicieux à la distribution et dans les intervalles sur la pelouse dyonisienne. Tout le contraire de son vis-à-vis Gonzalo Bertranou, pourtant retitularisé par le sélectionneur Michael Cheika, qui a traversé sa partie hagard, hasardeux dans ses choix, avant d’être remplacé à une demi-heure du terme. Terrassés dans les mêlés, dominés dans les rucks et par la vitesse des arrières Blacks, les Argentins ont vécu 40 ultimes minutes de pur supplice. La seule incertitude, finalement, étant de savoir s’ils allaient enfin parvenir à aplatir. Raté. Pire : même délesté d’un copain à 14, les Blacks réussissent à aplatir sur un contre létal du bolide Will Jordan. On est alors à la 73e minute, et certains dans l’assistance ne l’ont même pas vu. Ils avaient déjà quitté les travées d’un stade qui présentait au début du match environ 2000 sièges vides.

Sans être les plus attendus, à la défaveur de bien des pronostics, ces All Blacks millésime 2023 se hissent quand même en finale. La cinquième de leur histoire, en dix éditions. Une habitude. Le luxe des grandes nations. Le tout, sans perdre le moindre joueur, Ian Foster s’étant permis de faire souffler les cadres en fin de match. Ce ne sera pas de trop pour samedi prochain. En face, il s’agira de l’Angleterre, ou du champion du monde sortant sud-africain, qui s’affrontent samedi. Et cette fois, l’affaire devrait être tout autre.