Comme en 2019, le XV de France a été éliminé pour un minuscule point d’écart en quart de finale. Rageant. De là à bouder complètement le reste de la Coupe du monde ? On a trouvé quatre raisons (avec plus ou moins de bonne foi) de ravaler notre rancœur contre les Sud-afs et de regarder malgré tout deux affiches où les gestes de classe et autres coups d’éclat ne manqueront pas.
Parce que les Anglais risquent bien de passer sous le rouleau compresseur des Springboks
On sait à quel point il peut être douloureux de devoir regarder l’ennemi anglais lutter pour le titre suprême lorsqu’on a soi-même plus aucune chance d’y parvenir. Sauf que ces Anglais-là, certes invaincus mais dans une poule extrêmement faible et dotée d’un quart de finale plus qu’abordable comparé à ceux de ses voisins français et irlandais, pourraient bien sortir par la toute petite porte face à l’ogre sud-africain. Le sport n’est pas affaire de logique ni de certitude. Mais quand on sait que ces Bleus qui ont failli contre les Boks, n’avaient fait qu’une bouchée du XV de la Rose six mois plus tôt lors du traditionnel Crunch des Six Nations à Twickenham (53-10) – le plus large succès de l’histoire entre les deux pays – on peine à visualiser l’escouade emmenée par Owen Farrell venir à bout du champion du monde sortant. Et ce, même en imaginant tous les scenarii retors, comme une exclusion sud-af prématurée contraignant la sélection à jouer 79 minutes à 14 contre 15, tant la machine semble façonnée pour tout terrasser sur son passage ce samedi au Stade de France. Et si les Anglais réussissent l’exploit, ce sera de la faute du corps arbitral représenté par Ben O’Keeffe, qui dirigera la rencontre.
Billet
Pour admirer le All-Black Ardie Savea à son zénith
Il fallait voir Ardie Savea à l’issue du quart dantesque remporté par les siens au Stade de France, peu avant de recevoir son trophée d’homme du match : bras en croix, cri rageur en direction du public, en grande partie acquis à la cause irlandaise, le troisième ligne, incarnait plus que quiconque le mélange de résilience et d’opiniâtreté néo-zélandais. Face aux Irlandais numéros un mondiaux, il a livré l’une de ses plus belles prestations avec les Blacks, voire l’un de ses plus grands matchs en carrière tout court. En attaque (15 ballons portés, 95 mètres parcourus sur ces mêmes ballons) comme en défense (14 plaquages réussis). Des mouvements d’ailier, des séquences de demi de mêlée, quand il s’est permis d’envoyer quelques ballons au pied dans les cieux franciliens pour extirper les siens de la nasse verte. Entre deux fulgurances, un essai crucial. Bref, la totale.
Le gaillard trentenaire est peu connu en Europe puisqu’il a passé l’intégralité de sa carrière aux Hurricanes, une franchise néo-zélandaise et fait ses classes internationales d’abord au rugby à 7. Il n’empêche que du haut de ses 79 capes, «Ardz» demeure l’un des atouts phares des All-Blacks, et pourrait bien le démontrer à nouveau ce vendredi face aux Pumas argentins.
Parce qu’il reste des places disponibles
C’est l’autre conséquence des quarts : les évictions conjointes de la France et l’Irlande, qui regroupent les deux plus gros contingents de supporters, ont incité bon nombre d’entre eux à remettre leurs sésames sur le marché, en l’absence de leur sélection fétiche.
Des tickets obtenus généralement de longue lutte le jour de l’ouverture de la billetterie, qui se retrouvent désormais proposés sur le site officiel de la Coupe du monde, par des organisateurs soucieux de faire le plein coûte que coûte. On en dénombre environ 1800 pour la confrontation Angleterre-Afrique du Sud, à laquelle le XV de France espérait prendre part. L’autre duel Nouvelle-Zélande-Argentine était dans l’attente de 2 800 acheteurs pour afficher complet. Les tarifs fluctuent entre 350 et 550 euros. Tant qu’à faire, et pour peu qu’on en ait les moyens cela s’entend, pourquoi ne pas profiter de l’aubaine et assister en direct à deux rencontres de gros calibre ? Et qui sait, si les archi-favoris sud-africains et néo-zélandais venaient à ne pas rallier la finale, alors vous aurez été les témoins de l’un des plus grands exploits du rugby mondial. Même devant sa télé, dommage de s’en priver.
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Parce qu’on entendra plus parler des lunettes de Fabien Galthié
Enfin, normalement, puisque la France n’est plus là. On blague à peine : la tête pensante des Bleus a beau les porter sur le nez depuis des mois, ses épaisses montures noires ont tout de même été l’une des attractions de cette Coupe du monde. Le sujet revenant à peu près à chaque apparition du sélectionneur devant les caméras. Et au-delà : à la machine à café, au détour d’une conversation avec des confrères journalistes, sans occulter les éternelles remarques fashion faux pas des amis et de la famille. Au point que le terme lunettes apparaisse en premier lorsque l’on tape le nom de Fabien Galthié sur la barre de recherche Google. «Ce sont des lunettes de sport en plastique qui permettent de courir, de tomber car je cassais toutes mes lunettes avant. Elles ne bougent pas, je peux joueur au squash, au golf, je peux courir avec le ballon à l’entraînement», expliquait le sélectionneur au Parisien en novembre 2020.
Début septembre, les hostilités n’avaient pas commencé que, comme un clin d’œil à son homologue français, le sélectionneur néo-zélandais Ian Foster avait débarqué en conférence de presse pré-match d’ouverture avec des lunettes de soleil et un large sourire, provoquant des rires dans l’assemblée. C’est à ce moment qu’on a compris que le sujet allait revenir encore et encore. Jusqu’à dimanche dernier. Du moins, on l’espère.