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Succès

Coupe du monde de rugby : transformation gagnante pour les Anglaises

Le XV de la Rose ouvrira la compétition face aux Etats-Unis ce vendredi 22 août. Le pays part ultra-favori à domicile et dans des stades remplis, porté par les efforts conséquents de la fédération pour développer la pratique chez les femmes.
Les joueuses du XV de la Rose s'entraînent, le 21 août, au stade de Sunderland (nord-est du pays). (Stu Forster/Getty Images. AFP)
par Maelys Courpotin
publié aujourd'hui à 7h25

Six jours après avoir vu les «Black Cats» du foot s’ébrouer de nouveau en Premier League, le Stadium of Light de Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, fera presque le plein vendredi 22 août pour le match d’ouverture de la Coupe du monde féminine de rugby. A l’affiche, les joueuses du XV d’Angleterre, ultra-favorites de la compétition, numéro 1 mondial, face aux Etats-Unis, devant plus de 40 000 spectateurs. Une affluence inédite pour une rencontre inaugurale, et qui témoigne du succès populaire déjà affirmé de cette dixième édition. La finale, dans le mythique stade londonien de Twickenham, le 27 septembre, se disputera à guichets fermés, les 82 000 billets ayant déjà trouvé preneurs. Au total, 375 000 places sur les 470 000 sur le marché ont été vendues. C’est trois fois plus que pour l’édition précédente de 2022.

«J’ai commencé à jouer au rugby féminin il y a trente ans et voir, aujourd’hui, des filles sortir du tunnel, jouer devant les tribunes bondées d’un stade comme Twickenham, c’est quelque chose que je n’aurais peut-être jamais espéré ou pensé voir un jour, s’est émue Gill Whitehead, la présidente de cette Coupe du monde. C’est certainement de cela que sont faits les rêves des filles.» Avant de soulever le trophée, il faudra néanmoins en passer par une compétition qui verra les seize nations participantes (une première, la compétition se déroulant jusqu’alors à douze) s’affronter dans huit stades d’Angleterre, cinq semaines durant.

Plan d’investissement

Portées par leurs supporteurs, les Anglaises ne devraient pas faire de détails jusqu’au dernier carré. Invaincues depuis leur défaite (31-34) en finale de la Coupe du monde 2022 contre la Nouvelle-Zélande, les Red Roses viennent d’aligner 27 succès consécutifs. Une ultradomination qui trouve ses racines dans les efforts conséquents de la fédération anglaise (RFU, pour Rugby Football Union) pour développer la pratique féminine du rugby. En 2019, emboîtant le pas à la Nouvelle-Zélande, les meilleures joueuses du pays ont pu bénéficier d’un contrat professionnel payé par la fédé : 28 d’entre elles bénéficiaient d’un salaire compris entre 39 000 et 48 000 livres sterling par an (entre 45 000 et 55 000 euros), en plus des primes de match.

Aujourd’hui, 32 joueuses sont sous contrat. Le championnat domestique s’est aussi largement développé. La première division anglaise, la Premiership Women’s Rugby, est entièrement professionnelle et attire certaines meilleures joueuses mondiales, à l’image de l’Américaine Ilona Maher. Un plan d’investissement a également été spécialement lancé pour cette compétition disputée à la maison. Baptisé «Impact Beyond 2025», et doté d’une quinzaine de millions d’euros d’argent public sur trois ans, il a permis d’accentuer les efforts pour la filière féminine, qui compte aujourd’hui quelque 43 500 licenciées (+ 35 % depuis le lancement du programme).

Médiatisation

Presque logiquement, les médias et les sponsors suivent le mouvement. La fédération a signé avec la chaîne TNT Sports un contrat pour diffuser tous les matchs de Premiership – clubs féminins et masculins confondus – de près de 200 millions de livres sterling selon The Telegraph, soit jusqu’à 46 millions d’euros par saison. Les rencontres sont également visibles en direct sur le site internet de la BBC. En outre, la marque de cosmétiques Clinique et Barbie s’affichent désormais partenaires des Red Roses.

La situation des Anglaises reste cependant exceptionnelle. Parmi les seize équipes engagées dans la compétition, nombreuses sont celles issues de championnats amateurs ou exerçant surtout au rugby à VII. Les joueuses des Samoa – quinzième nation mondiale – ont dû recourir à une collecte de fonds pour financer leur participation à la Coupe du monde. Quant à la France, qui débute sa compétition samedi 22 août contre l’Italie, elle vise de manière réaliste le dernier carré, tout en caressant le rêve de victoire finale. Seul hic : le tableau pourrait leur réserver un affrontement épineux justement contre les Anglaises en demi-finale.