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Libération
Drame

Disparition du rugbyman Medhi Narjissi en Afrique du Sud : l’enquête de la FFR dénonce les nombreuses négligences du staff et des manquements graves

La Fédération française de rugby a rendu ce jeudi 12 septembre les conclusions de l’enquête interne menée plus d’un mois après la disparition du jeune demi de mêlée du Stade Toulousain lors d’un déplacement en Afrique du Sud. Un rapport à charge contre le staff de l’équipe de France U18.
Lors d'un hommage à Mehdi Narjissi au début d'un match entre Castres et le Racing 92, dimanche. (Fred Lancelot/PRESSE SPORTS)
publié le 12 septembre 2024 à 16h22

Le rapport est accablant pour le staff de l’équipe de France de rugby des moins de 18 ans. Ce jeudi 12 septembre, la Fédération Française de Rugby (FFR) a livré les conclusions de son enquête interne concernant la tragique disparition de Medhi Narjissi, jeune joueur du Stade Toulousain, survenue le 7 août dernier en Afrique du Sud. Le déplacement de l’équipe française masculine U18 dans le pays avait été organisé par la FFR à l’occasion de la compétition de l’International Series. Le jeune homme avait alors été emporté par les vagues au large du cap de Bonne-Espérance tandis qu’il effectuait une séance de récupération avec ses coéquipiers. Son corps n’a toujours pas été retrouvé.

Dans ce rapport, la fédération - qui explique avoir entendu «tous les membres du staff présents sur place ainsi que quelques joueurs» - révèle plusieurs manquements graves dans l’organisation et la supervision de cette séance de récupération. «La décision d’organiser une séance de récupération dans l’eau sur la plage de Dias Beach a été prise sans considérer la dangerosité du site», pointe d’emblée la FFR. L’instance s’interroge par ailleurs sur le choix de ce lieu, «alors que les risques liés à la plage de Dias Beach ont pu être perçus au moins par un conseiller technique sportif».

Des risques qui n’auraient «pas été pris en compte» par le staff

La FFR ajoute que les panneaux «d’avertissement sur la dangerosité du site n’auraient pas été pris en compte», un fait «particulièrement critiquable». «Le déroulement et l’encadrement de la séance semblent avoir été mal maîtrisés, faute notamment de consignes claires d’encadrement données aux membres du staff et aux joueurs», assène encore la FFR à l’encontre des membres du staff de l’équipe.

En outre, la fédération dirigée par Florian Grill «s’interroge sur le fait de savoir si une tentative de porter secours à Medhi Narjissi à l’aide de la bouée de sauvetage à disposition aurait pu être envisagée ou si les membres de l’encadrement auraient pu entreprendre directement une quelconque action de secours». Puisque cela n’a pas été le cas, «cette circonstance semble confirmer que les conditions en mer étaient particulièrement dangereuses», poursuit la FFR.

Au regard de ces défaillances, l’instance annonce qu’elle va solliciter le ministère des Sports «pour qu’il mette fin, sans préavis, aux affectations auprès de lui, des conseillers techniques sportifs en responsabilité lors de ce déplacement» et sur lesquels le ministère exerce le «pouvoir hiérarchique et disciplinaire». La FFR conclut enfin qu’elle prendra des mesures à l’encontre des autres encadrants, «quel que soit leur statut», et mènera «une profonde réflexion» relative «à la simplification des chaînes de commandement des équipes de France, aux conditions d’encadrement des équipes de France et à la maîtrise de procédures d’urgence appropriées en cas d’accident».

Tous les éléments de l’enquête interne ont été transmis aux parents de Medhi Narjissi et au ministère des Sports. En parallèle, début septembre, une information judiciaire a été ouverte par le parquet d’Agen.