Les mines sont déconfites, les têtes baissées. Ce 19 octobre 2019, les Irlandais quittent le pré du stade de Tokyo en voyant la porte du dernier carré de la Coupe du monde se fermer devant eux. Devant plus de 46 000 spectateurs, les All Blacks néo-zélandais n’ont fait qu’une bouchée du XV du Trèfle dans ce quart de finale. La défaite est lourde : 46-14. Sept essais à deux. A tel point que la presse du monde entier parle d’une démonstration. Rory Best, l’emblématique talonneur vert aux 124 sélections met un terme à sa carrière sur une bien triste déroute…

Quatre ans plus tard, les Irlandais ont l’occasion de se venger. Ce samedi 14 octobre, le XV du Trèfle affronte une nouvelle fois la Nouvelle-Zélande au Stade de France (Saint-Denis) en quart de finale de Coupe du monde. Une affiche aux airs de finales entre deux mastodontes de l’ovalie. A fort enjeu. «Ce week-end, ce sera le match plus important de ma carrière et c’est la même chose pour toute l’équipe. Passer ce cap serait un grand moment, un immense succès», a expliqué, ni plus, ni moins, le demi de mêlée irlandais Conor Murray jeudi 12 octobre. C’est que la rencontre n’est pas qu’une simple revanche, elle est aussi l’occasion pour l’Irlande de rompre avec une malédiction.

Car si le XV du Trèfle a beau être une des meilleures équipes du circuit mondial, il n’a jamais réussi à dépasser les quarts de finale d’une Coupe du monde. En neuf éditions, sans compter celle-ci, les Irlandais se sont cassé les dents à sept reprises sur cette étape de la compétition. Un état de fait qui n’a toutefois rien d’une fatalité, veulent croire les verts et blancs. «Tous les quarts de finale disputés par l’Irlande ont été des matchs différents, disputés par des groupes de joueurs différents, donc ce n’est pas comme si on disputait un quart de finale de Coupe du monde tous les ans. C’est un match unique et c’est dans cette optique qu’on doit se préparer», a souligné le capitaine irlandais Johnny Sexton en conférence de presse. Pour enfin passer ce palier, les hommes du sélectionneur Andy Farrell «ont travaillé sur [leur] mental au cours des quatre dernières années», admet l’ouvreur vétéran de 38 ans.

Cette année pourrait bien être la bonne pour les Irlandais. Contrairement à 2019, le XV du Trèfle aborde le match en favori. Depuis le 2 juillet 2022 et une défaite en Nouvelle-Zélande (42-19), la bande à Sexton a enchaîné 17 victoires consécutives, réussi le Grand Chelem lors du dernier Tournoi des VI Nations et s’est hissée à la première place du classement mondial. «C’est une grande équipe. La meilleure du monde», estime le demi de mêlée des All Blacks Aaron Smith. Autre argument rendant plus que plausible une victoire irlandaise : les «Irish» semblent avoir trouvé la recette pour battre le XV à la Fougère. En juillet 2022, en réaction à leur défaite, les numéros 1 mondiaux avaient réussi à s’imposer à deux reprises (23-12 et 32-22) en terres néo-zélandaises. Un exploit. «Jamais une équipe d’Irlande n’avait réussi jusqu’ici à gagner un match en Nouvelle-Zélande. Mais un an et quelques mois, c’est long en rugby. C’est une équipe différente qu’on va affronter samedi. On a hâte de relever le défi. Il est clair que cette tournée va nous donner confiance, mais il ne faut pas non plus nous voir trop beaux», tempère le deuxième ligne irlandais Tadhg Beirne.

Les rencontres de juillet 2022 seront, en tout cas, une source de motivation pour les All Blacks samedi. «Les résultats de l’année dernière nous ont permis de tirer quelques enseignements, mais notre équipe est totalement différente de celle de juillet 2022. On a un nouveau staff. Cette série nous a galvanisés, et on a hâte d’être à samedi», a lâché le demi de mêlée «NZ» Aaron Smith devant la presse. Au Stade de France, les hommes de Ian Foster auront aussi à cœur de montrer qu’ils restent une grande nation du rugby. Eux, que certains ont sous-estimés au début de la compétition au point de juger possible une défaite contre les faibles Italiens. Il n’en a rien été. Les All Blacks ont étrillé la Squadra Azura 96-17 lors de la phase de poules. Ce sera toutefois une autre paire de manches samedi.