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Libération
Disparition

André Boniface, légende du rugby français, est mort à 89 ans

Symbole international du «french flair», des combinaisons imprévisibles et audacieuses, l’ancien trois-quarts centre de Mont-de-Marsan et du XV de France durant les années 1950 et 1960 s’est éteint ce lundi 8 avril.
André Boniface en 1966. (Robert Siegler/Ina. AFP)
publié le 8 avril 2024 à 13h45

L’esthète des passes croisées n’est plus. L’ancien rugbyman international français (48 sélections, 44 points marqués, 11 essais) André Boniface est mort à 89 ans, ce lundi 8 avril, à l’hôpital de Bayonne. Vainqueur à quatre reprises du tournoi des Cinq nations (1954, 1955, 1959 et 1962) avec le XV de France, il fait partie des légendes mondiales de son sport. En 2005, il devient le sixième et dernier joueur français à intégrer le Temple international de la renommée du rugby (en anglais, International Rugby Hall of Fame).

Le mythe des «frères Boni»

Centre et ailier de génie, André Boniface est associé à 17 reprises en équipe de France à son petit frère Guy, décédé prématurément en 1968 dans un accident de la route. Ensemble, les «Boni» réinventent le jeu de passe arrière grâce à leur inventivité et leur soif de mouvement. Ils participent à créer le mythe du style de jeu à la française, le «french flair», fait de combinaisons imprévisibles et audacieuses.

Leur jeu d’attaque fut si marquant et influent que le journaliste sportif Antoine Blondin leur aurait attribué la paternité, sans doute fantasmée, de la passe croisée. Ce geste, désormais mondialement utilisé, consiste pour un joueur à passer le ballon à un coéquipier dans le sens inverse de sa propre course, afin de déséquilibrer la défense adverse.

Un «grand monsieur», champions de France en 1963

Après plusieurs périodes agitées en Bleu, les deux Montois seront écartés définitivement de la sélection en mars 1966 à la suite d’une défaite contre le pays de Galles (9-8) à Cardiff. Avec Jean Gachassin, auteur d’une passe en cloche pour André Boniface interceptée par un Gallois, les trois joueurs sont désignés responsables de cette défaite par leur fédération, ce qui met fin à leur carrière internationale. Gachassin a rendu hommage ce lundi à son ancien coéquipier : «C’était un grand monsieur et un grand joueur» a salué l’ancien joueur de Lourdes, devenu plus tard président de la Fédération française de tennis. «Il représentait un certain rugby. Le rugby champagne, comme on l’aime, et qui se perd aujourd’hui».

André et Guy Boniface participent également aux grandes heures du Stade Montois. Ils décrochent ensemble le titre de champion de France en 1963 contre le voisin et ennemi Dax, ainsi que trois Challenges Yves-du-Manoir de suite (1960, 1961 et 1962). Joueur de Mont-de-Marsan de 1952 à 1972, André Boniface fut également l’entraîneur du club, à deux reprises, entre 1969 et 1972 et de 1977 à 1978. Retraité à Hossegor depuis la vente de son magasin d’articles de sport à Mont-de-Marsan en 1993, il était le père de trois enfants.

«Le French flair, c’était lui»

La Ligue nationale de rugby a salué le parcours de l’ancien joueur ce lundi sur X : «André Boniface marquera le rugby français pour l’éternité. Le french flair, c’était lui. Il déambula dans les défenses de tous les clubs avec le génie de ceux qui ont le rugby dans le sang. Champion…».

L’ancien ailier Christian Darrouy, a lui aussi célébré son coéquipier en équipe de France et au Stade Montois : «André avait des jambes, il courait très vite et avait de la qualité dans ses passes. Je n’ai jamais eu une passe trop haute ou dans les chevilles. C’était toujours là où il fallait», s’est souvenu l’ancien recordman d’essais en Bleu. «J’avais des bons ballons et j’aurais aimé en avoir davantage mais ils (Guy et André) étaient morpions, ils ne faisaient pas toujours la passe», s’amuse celui qui compte 40 sélections dans le XV de France. «L’esprit rugby d’André, c’était “On attaque, on attaque, on attaque” et c’est ça qu’on voulait».