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Racisme, violences sexuelles : le mythe mité des «valeurs de l’Ovalie»

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Les cas de Melvyn Jaminet, Hugo Auradou et Oscar Jégou confirment que cette expression, qui suppose le rugby bardé par nature d’une moralité exemplaire, a fait son temps.
Le rugbyman Melvyn Jaminet (Racing Club de Toulon) face à Oyonnax le 18 mai. (Arnaud Finistre/AFP)
publié le 9 juillet 2024 à 17h25

C’est une antienne, ressassée ad libitum par la communauté rugby, au point que l’expression «les valeurs du rugby» (variante «les valeurs de l’Ovalie») a fait son trou dans l’idiome hexagonal. Elle a des échos on ne peut plus positifs : le rugby carburerait à la solidarité, la passion, la discipline, l’intégrité, et au respect. Cette feuille de route magnifiquement humaniste a d’ailleurs été intégrée à la Charte du Jeu de World Rugby, l’organisme international qui gère le rugby à XV et le rugby à VII, qui précise qu’elle est «destinée à préserver le caractère unique du rugby aussi bien sur qu’en dehors du terrain de jeu».

Censément l’inverse du foot

Intéressant, ce «caractère unique». Il sous-tend que les autres sports ne peuvent se prévaloir de réunir autant de qualités morales («valeurs» a une résonance morale). Evidemment, on pense spontanément au football. Ce sport collectif là, c’est aussi ancré dans les cortex, aurait sacrifié sa pureté originelle sur l’autel du fric et du chacun-pour-sa-gueule, et les joueurs, à quelques saints près, ne songeraient qu’à amasser et à faire étalage de leur condition de nouveaux super-riches, à coups de fringues, bagnoles et montres de luxe, épouses-mannequins trophées ou escorts à scandale, baraques hollywoodiennes ; d’aucuns estiment même que le home jacking (cambriolage d’un domicile en présence de la victime) qui sévit dans le milieu ne se