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Libération
Démonstration

Le XV de France fait le grand écart (96-0) face à la Namibie mais s’inquiète pour Antoine Dupont

Le match des Bleus a tourné à la démonstration ce jeudi 21 septembre à Marseille, avec une marque record. La sortie précoce d’Antoine Dupont après un choc est la seule ombre au tableau.
Damian Penaud a marqué trois essais ce soir. (David Rogers/Getty Images via AFP)
publié le 21 septembre 2023 à 22h51
(mis à jour le 21 septembre 2023 à 23h40)

La venue du pape, au même endroit, deux jours plus tard, a eu beau être claironnée depuis des lustres, il en aurait fallu infiniment plus pour que la Namibie ne profite d’un miracle, ce jeudi 21 septembre, au Stade Vélodrome de Marseille. Et ce fut même, à l’inverse, un enfer pour les Africains. Eparpillée façon puzzle par le XV de France, 96-0, ça n’est bien sûr pas dans les Bouches-du-Rhône que la 21e nation au classement mondial espérait décrocher la première victoire de son histoire dans le cadre d’une Coupe du monde (sa septième, curieusement). Mais peut-être a-t-elle néanmoins causé un tort considérable à la France - à quinze jours de son dernier match de poule contre l’Italie, le 6 octobre à Lyon -, avec la blessure en début de deuxième mi-temps d’Antoine Dupont, touché au visage sur une charge brutale du centre Johan Deysel, joueur (sans club) logiquement expulsé, tandis que sa victime allait direct passer des examens, laissant de la sorte planer une grosse ombre sur la liesse populaire.

La fête au village

Drôle de semaine, en vérité, dans la deuxième plus grande ville de France qui, par-delà la visite ponctuelle du souverain pontife, se débat avec le 1 497e psychodrame de l’histoire de l’OM. Du reste, au moment où les Bleus galopaient sur le vert gazon méridional, l’OM, lui, guerroyait à Amsterdam (3-3) en Ligue Europa, sur fond de conflit opposant dirigeants et supporteurs. Un sacré pastis, en comparaison duquel la situation locale du rugby, elle, semble limpide. A l’année, il ne s’y passe rien, ou si peu (souvenons-nous du triste flop du club de Marseille-Vitrolles qui, en 2009, défrayait la chronique avec le recrutement de l’icône all black Jonah Lomu, déjà malade et exhibé comme une bête de cirque). En revanche, chaque fois que les Bleus délocalisent à l’ombre du Vieux-Port un match (France-Namibie étant le quatorzième), c’est la fête au village. Que des bons souvenirs, assurait Fabien Galthié en amont, avec tous les joueurs et membres du staff, à l’unisson, pour couvrir d’éloges ce public chaleureux, turbulent, capable dit-on de transcender les siens, dans les moments les plus critiques. Qui, on ne va pas pipeauter, ont brillé par leur absence, dans le cadre de ce troisième rendez-vous tricolore de la poule A.

Une victoire chassant l’autre, il fallait en effet évacuer l’arrière-goût saumâtre qu’avait laissé le France-Uruguay (27-12) de Lille, remporté une semaine auparavant par une équipe empruntée, composée de remplaçants (oui, oui), certainement désireux de monter en grade et pourtant presque tous incapables de chambouler la hiérarchie. En conséquence de quoi l’encadrement, certainement plus ronchon qu’il n’avait souhaité le laisser paraître, avait choisi cette fois de titulariser tous les cadors (hormis Grégory Alldritt, économisé suite à une légère blessure à l’entraînement, et présent dans les tribunes, comme le malheureux Romain Ntamack, privé de l’épreuve reine), dans une rencontre si déséquilibrée qu’il en deviendrait presque compliqué d’en tirer des enseignements fiables pour les échéances futures (où gagner d’un simple point face à l’Irlande ou l’Afrique du sud aurait une tout autre valeur).

Grandes chevauchées

Formée en partie de semi-pros et d’amateurs qui, répartis entre France, Russie, Etats-Unis et Afrique du Sud, jouent rarement ensemble, la Namibie ne faisait pas mystère que le seul match à sa portée lui semblait être celui à venir face à l’Uruguay. Eberlués par l’ambiance, les visiteurs ont donc vite compris leur douleur, qui allaient encaisser pas moins de quatorze essais, dans une rencontre échevelée propice aux grandes chevauchées (et aux maladresses bénignes) où, de part et d’autre du terrain, les ailiers Damien Penaud et Louis Bielle-Biarrey faisaient grimper l’addition sans état d’âme.

D’une supériorité physique et technique écrasante, le XV tricolore a su gagner avec la manière, les deux équipes finissant par un tour d’honneur devant 63 000 aficionados pas pressés de quitter l’enceinte. Avec presque cent points inscrits, la France explose son record du plus grand écart dans un match de Coupe du monde, qui remontait à 2007 et un 87-10 déjà face à la Namibie (...qui avait encaissé 142 points en 2003 contre l’Australie). Des statistiques somme toute anecdotiques se disait-on cependant, en fonçant à la sortie du stade, direction Notre Dame de la Garde, afin d’allumer un cierge en attendant des nouvelles de l’hosto où Antoine Dupont était inopinément parti conclure sa soirée marseillaise.