«J’ai perdu mon allégresse /Sur des bateaux de conquêtes /J’ai perdu par leur vitesse /Quelque chose que dans mon cœur /Je regrette» Les joueuses du XV de France pourront sans doute fredonner les paroles d’Alain Souchon au moment de repenser à leur demi-finale de coupe du monde, disputée ce samedi 20 septembre à l’Ashton Gate Stadium de Bristol. Le tableau de marque (17-35) ne le dit pas clairement, mais le contenu de la rencontre peut laisser bien des regrets. En d’autres mots : la rouste annoncée n’a pas eu lieu.
Ce sont bien des bateaux de conquête que les Bleues ont armés pour se lancer à l’assaut des grandes favorites de la compétition. Si des larmes ont coulé sur les joues de Nassira Konde au moment des hymnes, jamais plus les joueuses du XV de France n’ont donné l’impression d’avoir froid aux yeux une fois les débats lancés. Même après avoir pris un premier essai transformé au bout de cinq minutes, sur un contre supersonique de l’arrière anglaise Ellie Kildunne. Les Françaises ne se sont pas démontées, ont continué à proposer un rugby ambitieux, à jouer crânement leur chance. En face, une défense de fer : plus d’une fois, les Anglaises se sont refermées comme les portes antifraude du métro sur la porteuse de balle tricolore. Qu’à cela ne tienne : à la 23e minute, Nassira Konde finit par trouver la faille, mais Morgane Bourgeois rate sa transformation : 5-7.
Deux énormes occasions manquées
Le score ne bougera pas jusqu’à la pause en dépit de deux occasions énormes qui auraient pu voir la France passer devant, si la dernière passe avait été mieux ajustée. D’abord Marine Ménager qui tarde à lâcher son ballon et l’envoie dans les jambes de sa coéquipière Léa Champon (34e). Puis la même Marine Ménager qui va marquer (36e) sur une passe… en avant de Gabrielle Vernie. Rageant, mais l’essentiel, pour la cosélectionneuse Gaëlle Mignot au micro de TF1, c’est qu’«on est dans le match à la mi-temps». Ce ne sera plus vrai une demi-heure plus tard.
Inégalités
On imagine la soufflante qu’ont pris les Red Roses dans les vestiaires à l’intensité qu’elles ont mis à leur retour sur la pelouse. Une pression dingue, un premier essai refusé, un autre bien valide (45e) quand Amy Cokayne parvient à franchir la ligne d’en but. Mais l’opiniâtreté bleue ne s’est pas envolée. Le panache non plus. Alors que les Françaises obtiennent une pénalité sous les poteaux anglais, elles décident de jouer à la main plutôt que de prendre 3 points au pied. Bien leur en prend : l’action débouche sur un essai de Kelly Arbey (54e). Après transformation, voilà les équipes à touche-touche (12-14).
Ca ne durera pas bien longtemps. Quelques minutes plus tard, Abbie Ward (58e) s’en va marquer, imitée dix minutes plus tard par Elli Kildunne, à nouveau après une folle chevauchée (68e). Comme la botteuse Zoe Harrisson n’a pas raté une transformation, voilà les Anglaises envolées (12-28) et les espoirs français aussi. «C’est quand il y a eu deux essais d’affilée, que là… Elles ont gagné le match sur cette deuxième mi-temps», éludera Gabrielle Vernier après la rencontre. Mais même si elles n’y croyaient plus, les Françaises n’ont pas cessé de jouer. Nassira Konde ira marquer un nouvel essai à la 72e minute, avant que Megan Jones mette le coup de marteau final (78e) sur la tête du coq. Lequel se sera bien battu. Ça n’a pas échappé aux spectateurs de l’Ashton Gate Stadium, qui ont réservé une standing ovation aux visiteuses. Les Anglaises défieront le Canada en finale dans une semaine à Twickenham, après que les Bleues auront joué dans ce même stade pour la troisième place face à la Nouvelle-Zélande.