Il faudra encore attendre pour connaître le dénouement de l’affaire dans laquelle sont encore impliqués les rugbymen français Oscar Jégou et Hugo Auradou en Argentine. Le parquet de la ville de Mendoza s’est prononcé pour une mise en délibéré ce lundi 10 février, deux mois après un non-lieu qui a vu l’abandon des poursuites à leur encontre pour viol. Une audience s’était ouverte en appel lundi 10 février pour réexaminer cette décision, après l’appel interjeté par la plaignante.
Les trois magistrats composant la chambre d’appel «vont prendre quelques jours» pour examiner les preuves et rendre une décision. «Ils n’ont pas fixé de date», a déclaré à des journalistes Me Rafael Cuneo Libarona, avocat argentin des joueurs. «Il n’y a pas de date fixée, et la décision sera communiquée par écrit, sans donner lieu à une audience» spécifique, a pour sa part précisé Me Natacha Romano, avocate de la plaignante, à l’issue de l’audience d’environ trois heures où elle-même, le parquet, et la défense des joueurs ont exposé leurs arguments.
Avant l’ouverture du procès en appel, Me Natacha Romano annonçait l’aborder avec «toute la foi du monde» et «avoir confiance en la justice». De son côté, le défenseur argentin des joueurs, Rafael Cuneo Libarona, se disait «très optimiste» sur l’issue de l’appel et estimait que lors du premier jugement «le juge avait prononcé le non-lieu pour inexistence du crime, parce qu’il n’y a jamais eu de viol.»
Interview
Le 10 décembre 2024, la juge Eleonora Arenas a décidé l’abandon des poursuites contre les deux rugbymen de 21 ans, au terme de cinq mois d’instruction. Suivant les réquisitions du parquet dès octobre, et la demande de leurs avocats dès août : la justice avait tranché qu’il n’y aurait pas de procès Jégou-Auradou. La décision n’a pas pour autant marqué la fin de la saga judiciaire pour les deux Français.
Les jeunes rugbymen avaient été inculpés pour le viol aggravé d’une Argentine de 39 ans, dans leur chambre d’hôtel de Mendoza, la nuit du 6 au 7 juillet, au terme d’une soirée alcoolisée après un match du XV de France contre l’Argentine. Une relation consentie selon leur défense, nullement selon la plaignante.
Retour dans le XV de France
L’avocate de cette dernière, Natacha Romano, avait fait appel en déplorant que tous les éléments n’aient pas été «pleinement évalués» et évoquant «des preuves en attente de production». Elle se référait notamment à un rapport médical selon lequel les ecchymoses de sa cliente seraient le résultat des «blessures atroces» subies lors de l’agression présumée. Et non d’une maladie hématologique prédisposant sa cliente à des bleus, comme l’a soutenu la défense des joueurs. L’avocate a fait savoir sa détermination à aller au bout des recours, jusqu’à «la Cour interaméricaine» des droits de l’Homme «si nécessaire». Elle a souligné que «l’instruction de la famille est d’épuiser les recours».
A 11 000 kilomètres de l’Argentine, Oscar Jégou et Hugo Auradou ont tourné la page de leur détention préventive en juillet, puis de leur assignation à résidence à Mendoza. Autorisés à retourner en France début septembre, ils ont réintégré leurs clubs de La Rochelle pour le premier et de Pau pour le second. Ils sont également tous les deux à nouveau membres de l’équipe de France, et ont déjà pu rejouer dans des matchs internationaux.