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Rugby : le droit de perdre, par le réalisateur Sacha Wolff

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Coupe du monde de rugby 2023 en Francedossier
Chaque semaine que dure la Coupe du monde, «Libération» propose à une personnalité de donner son regard personnel sur l’événement. En ces lendemains qui déchantent, le réalisateur Sacha Wolff (qui raconte l’odyssée d’un joueur wallisien en métropole dans «Mercenaire»), livre un texte doux et mélancolique sur la beauté de l’échec.
Après le coup de sifflet final, de 15 octobre au Stade de France. (Franck Fife /AFP)
par Sacha Wolff
publié le 16 octobre 2023 à 16h11

«On a le droit de perdre un match comme ça s’est passé aujourd’hui. Nous avons le droit. Les joueurs ont le droit.» Ce sont les mots de Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France, juste après la défaite de son équipe contre l’Afrique du Sud.

Alors que la soupe à la grimace gagne tous ceux qui ont la gueule de bois plombée par les lendemains qui déchantent, on se fuit des yeux, le seum se généralise, on cherche des explications, des responsables, des boucs émissaires. C’est la faute de l’arbitrage, du banc qui n’a pas été à la hauteur, de décisions fébriles qu’on ne s’explique pas. Et si Romain Ntamack ne s’était pas fait les croisés pendant ce maudit match de préparation contre l’Ecosse ? Et si on avait cherché la touche au lieu de prendre les trois points sur la dernière pénalité ? Et si Cheslin Kolbe n’avait pas contré cette transformation qui nous fait cruellement défaut ? Et si Melvyn Jaminet n’était pas resté en tribune ? Et si…

Un point sépare ceux qui triomphent de ceux qui rentrent chez eux, défaits et abattus. Est-ce le même point que celui qui a privé la France de sacre mondial en 2011 face à la Nouvelle-Zélande ? Tous les points ne sont pas les mêmes, mais dans la défaite, ils ont le même goût, la même amertume.

On fabrique des joueurs héroïques et des hommes providentiels

La France poursuit son destin clermontois en coupe du monde, et comme l’équipe auvergnate, semble souvent promise au sacre sans parvenir à concrétiser. Si Clermont a fini par soulever le bouclier de Brennus à sa onzième