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Commotions cérébrales

Rugby : un premier joueur néo-zélandais mort en 2023 diagnostiqué avec une encéphalopathie traumatique chronique

Des spécialistes ont diagnostiqué Billy Guyton, mort à 33 ans, comme étant le premier joueur du pays à avoir victime de la maladie dégénérative du cerveau associée dans un certain nombre de sports de contact à des coups répétés à la tête.
Le joueur de rugby professionnel néo-zélandais Billy Guyton, le 8 octobre 2017 à Nelson, dans son pays. (Evan Barnes/Getty Images. AFP)
publié le 16 mars 2024 à 12h07

L’ancien demi de mêlée néo-zélandais des Auckland Blues, Billy Guyton, mort l’an dernier, est le premier joueur de rugby professionnel dans le pays à avoir été diagnostiqué comme souffrant de l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une maladie dégénérative du cerveau.

Des spécialistes médicaux ont fait cette découverte post-mortem grâce à la famille du joueur qui a fait don de son cerveau à l’université d’Auckland afin justement d’établir un diagnostic sur les raisons de sa mort. Maurice Curtis, codirecteur de la Brain Bank, a ainsi déclaré vendredi 16 mars que le stade 2 de l’ETC avait été constaté par un pathologiste basé en Nouvelle-Zélande et secondé par un spécialiste en Australie chez Billy Guyton, mort en mai 2023 à 33 ans.

Cette découverte intervient alors qu’un groupe de près de 300 anciens joueurs de rugby, dont Steve Thompson et Phil Vickery, vainqueurs de la Coupe du monde avec l’Angleterre en 2003, ont décidé d’intenter une action en justice en raison des lésions cérébrales dont ils souffrent. Ces sportifs de haut niveau affirment que World Rugby, ainsi que les fédérations anglaise et galloise, n’ont pas pris de mesures raisonnables pour protéger leur santé et leur sécurité.

Le père de Guyton, John, a déclaré à Radio New Zealand que ces symptômes s’appliquaient à son fils, qui a pris sa retraite prématurément en 2018 après avoir été victime de commotions cérébrales. «Le pauvre passait des heures dans un petit placard sombre parce qu’il ne supportait pas d’être à la lumière, a témoigné John Guyton. Certains matins, il s’asseyait au fond de son bac de douche en pleurant, essayant de rassembler l’énergie nécessaire pour bouger.»

L’ETC a été associé dans un certain nombre de sports de contact à des coups répétés à la tête et est connu pour provoquer notamment des bouffées de violence, de la démence et de la dépression. Les blessures causées par les coups à la tête seraient également à l’origine d’autres troubles tels que la maladie des motoneurones, la démence précoce, l’épilepsie et la maladie de Parkinson.

Dans un communiqué, la Fédération néo-zélandaise a assuré qu’elle avait pris des mesures pour réduire le danger des chocs à la tête. «La NZR soutient également des recherches de pointe pour mieux comprendre les impacts à long terme de la pratique du rugby, notamment pour comprendre le lien entre les commotions cérébrales et la santé cérébrale à long terme», précise le texte.

En France, un groupe d’une vingtaine de joueurs ayant évolué dans l’Hexagone, représentés par le cabinet d’avocats Alekto, tous victimes des conséquences de chocs répétés à la tête, a déposé début 2023 une série de recours administratifs contre la Fédération française de rugby et la Ligue nationale de rugby «pour manquement à leurs obligations de sécurité et d’information». Des joueurs tricolores s’étaient joints à l’action, dont l’ancien talonneur de Chambéry Quentin Garcia, 31 ans (qui a aussi attaqué son club devant les tribunaux) et l’ancienne deuxième-ligne du Stade rennais Sarah Chlagou, 25 ans, que Libération avait rencontrés. Ils avaient alors dénoncé l’indifférence de la fédération et lancé un appel pour changer radicalement les mentalités dans le monde du rugby.