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Come-back

Rugbymen accusés de viol en Argentine : Hugo Auradou de retour sur les terrains de Top 14 samedi

Violences sexuellesdossier
L’international français va retrouver les joutes en Top 14 dès samedi 5 octobre avec Pau à Perpignan, presque trois mois jour pour jour après l’affaire de viol présumé, pour laquelle il est toujours poursuivi en Argentine avec Oscar Jegou.
Le joueur international de rugby français Hugo Auradou, accusé avec un autre joueur d'avoir violé une femme en Argentine, débutera un match pour Pau le 5 octobre 2024. (Gaizka Iroz/AFP)
publié le 4 octobre 2024 à 15h38

«Il démarrera la rencontre.» Interrogé sur la perspective d’un come-back de Hugo Auradou, 21 ans, à l’occasion de la 5e journée de Top 14, le manager de la Section paloise Sébastien Piqueronies a été on ne peut plus clair, vendredi 4 octobre, en conférence de presse d’avant-match. «Il n’y a pas de surprise, vous l’avez vu s’entraîner avec nous, le jour est venu de le mettre sur un terrain de rugby et ça sera demain», a appuyé le manager, évoquant «le fruit d’une logique d’accompagnement», et «une étape de plus, la logique des choses depuis le mois de juillet». Avant d’expliciter son cas particulier : «Rien ne l’interdit de jouer au rugby, il est présumé innocent. Aujourd’hui il convient à ceux qui le défendent et à la direction du club d’assumer la cohérence comme ils l’ont fait depuis le début.»

Avec Oscar Jegou, lui aussi 21 ans, Auradou est inculpé en Argentine de viol aggravé, car en réunion, pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d’hôtel de Mendoza, où ils venaient de remporter un match contre l’Argentine pour leur première sélection avec le XV de France.

Demande de non-lieu

Dans leur version, les joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante de 39 ans, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. D’abord détenus puis placés en résidence surveillée, ils ont été libérés mi-août, puis autorisés à quitter l’Argentine dans l’attente de la fin de l’instruction, le parquet estimant «que l’accusation initiale a perdu de sa force». Ils ont regagné la France le 4 septembre.

Le fils de l’ex-joueur du XV de France David Auradou était réapparu au centre d’entraînement de Pau cinq jours plus tard avant de reprendre les sessions collectives mi-septembre. Oscar Jegou, lui, a repris la semaine dernière avec La Rochelle, où il joue au poste de troisième ligne, mais aucune date n’a pour l’instant été évoquée publiquement pour son retour à la compétition.

La justice de Mendoza doit dans les tout prochains jours fixer une date d’audience pour l’examen de la demande de non-lieu déposée fin août par les avocats des joueurs. Le parquet a validé la semaine dernière un dernier acte, un rapport d’expertise psychiatrique et psychologique de la plaignante, qui semble fragiliser sa position.

«Pression politique» dénoncée

Les deux praticiens, co-auteurs de ce rapport, ont relevé «une série d’inconsistances et de contradictions […] qui dessinent globalement un récit peu vraisemblable». La plaignante a pour sa part exposé jeudi, devant une commission législative, son sentiment de droits «bafoués» par la justice, après avoir demandé en vain, par le biais de ses avocats, la récusation des deux procureurs chargés de l’enquête, invoquant leur «manque d’objectivité» supposé. Début septembre, elle s’était dite «abandonnée par la justice de Mendoza. Ils me traitent comme une criminelle alors que je suis la victime».

«Il n’y a pas eu d’accord» en commission pour faire une requête formelle d’explications au procureur chargé de l’enquête, a regretté le président de cette commission législative Jose Luis Ramon, qui formulera donc, à titre personnel de président, une demande d’accès au dossier de l’instruction aux fins d’information, car «il y a quelque chose qui sent mauvais» dans cette affaire. Il a déploré une «pression politique» pour clore le dossier, une «vitesse extrême» des décisions du parquet, en rappelant que l’avocat des rugbymen n’est autre que le frère du ministre de la Justice du gouvernement argentin.