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Rugby

Tournoi des six nations : entre la France et l’Angleterre, le «crunch» s’annonce croustillant

Rasséréné par sa victoire au pays de Galles, un XV de France rajeuni espère maintenir le cap, samedi 16 mars à Décines, face à l’Angleterre afin de conclure le Tournoi des six nations sur une note positive.
Les Français Francois Cros et Georges-Henri Colombe face au pays de Galles, au Millennium Stadium de Cardiff, le 10 mars. (Simon King/DPPI. AFP)
publié le 16 mars 2024 à 9h07

Après qu’on l’a égratigné – avec la perfidie des amants déçus ? – peut être plus sévèrement qu’il ne le méritait, le XV de France, lui, en retour, ne s’est-il pas vu a contrario plus beau qu’il n’est réellement ? Telle est la question qu’on se posait, dimanche 10 mars, au coup de sifflet final de Galles-France. Larges vainqueurs au Millennium Stadium de Cardiff, 45-24, on oubliait un instant, en observant ces Bleus radieux comme s’ils venaient de mater l’Irlande ou les Blacks, qu’ils avaient dû attendre le dernier quart d’heure pour distancer les Gallois. Une nation qui n’a remporté que deux matchs au cours des trois derniers Tournois et, après une Coupe du monde fallacieuse (un tirage au sort aberrant lui ayant permis d’atteindre les quarts de finale), teste des jeunes en vue d’une hypothétique éclaircie.

Mais, de tout cela, le groupe tricolore n’avait cure. Les cadres, tels Gaël Fickou ou Charles Ollivon, dont la veille on contestait encore le rendement, ont ferraillé comme aux beaux jours. Et quelques recrues ont saisi leur chance. De la vivacité du demi de mêlée francilien Nolann Le Garrec, à la prime accordée aux formats hors gabarits Emmanuel Meafou ou Georges-Henri Colombe (les Bleus, avec Uini Atonio et Posolo Tuilagi, pouvant aujourd’hui miser sur quatre «gros» au-dessus des 140 kilos – une affirmation de l’hypertrophie du rugby moderne assez flippante, d’ailleurs). Ainsi, l’humeur était donc redevenue badine au soir de la quatrième journée du Tournoi des six nations.

Des airs implicites de «petite finale»

Car, après trois matchs merdiques et une victoire, disons, encourageante, la France se retrouve en capacité de monter sur le podium. D’un point de vue théorique, tant la perspective repose sur une arithmétique fantaisiste, elle pourrait même encore gagner l’épreuve. Mais, de façon plus pragmatique, on admettra que, compte tenu du déroulé de l’édition 2024, une deuxième place constituerait déjà un généreux accessit. Or, cette position est actuellement occupée par le visiteur du soir, qui aura à cœur de ne pas se faire damer le pion.

Ainsi, avec ses airs implicites de «petite finale», s’apprête-t-on à vivre samedi soir (France 2, 21 heures) France-Angleterre, programmé au Groupama Stadium de Décines, dans la lointaine banlieue de Lyon. A l’heure où les deux équipes entonneront les hymnes, elles sauront si, comme cela semble plus que probable, l’Irlande a remporté l’épreuve, un nul, à domicile face à l’Ecosse, lui suffisant pour soulever le trophée. N’empêche, le «crunch», opposition fratricide sur le terrain (et folklo autour) entre les deux meilleurs ennemis du continent européen, s’annonce croustillant. Car l’Angleterre remonte en puissance : portée par une chanceuse troisième place en Coupe du monde, l’équipe a manifestement repris confiance autour de cadres qu’on imaginait pourtant se diriger plutôt vers l’écurie, à l’image du talonneur Jamie George, promu capitaine à 33 ans. Nommé coach à la suite d’Eddie Jones, saqué à force de contre-performances, l’ex deuxième ligne Steve Borthwick a donc eu du pif pour, en définitive, parvenir à replacer le XV de la Rose au centre de l’échiquier continental.

La physionomie du groupe ne bouge pas

La France, quant à elle, va logiquement miser sur le même escadron que celui ayant pilonné Cardiff six jours auparavant. N’ayant pour une fois aucun blessé, ni suspendu, à déplorer et pouvant enfin capitaliser sur un résultat positif, la physionomie du groupe ne bouge donc pas. C’est tant pis pour Posolo Tuilagi, un des rares joueurs à s’être démené dans le marasme lillois, contre l’Italie (13-13), et qui, même pas remplaçant, a été parachuté chez les Bleuets, qui jouent l’Angleterre à Pau ce vendredi 15 mars. Et tant mieux pour l’arrière parisien Léo Barré ou le centre bordelais Nicolas Depoortère, qui nous ont laissé un peu sur notre faim pour leur première sélection ; tandis que le demi de mêlée Nolann Le Garrec, enseveli toute la semaine sous les superlatifs à la suite de sa prestation flashy face au pays de Galles, s’efforcera de confirmer qu’une symphonie tricolore reste envisageable sans Antoine Dupont à la baguette.

«Pour gagner ce match, il faudra être meilleur qu’à Cardiff, répondre présent, avancer : en mêlée, avec le jeu au pied, sur les collisions. Il faudra inverser la pression et, pour ça, ce qui compte, c’est l’énergie. L’intensité combattue proposée par les Anglais va être énorme.» Ainsi montée par le sélectionneur, Fabien Galthié, après l’annonce de la composition du XV de France, jeudi midi, la bande-annonce est alléchante. Puisse le spectacle être à la hauteur, afin de juguler le doute, en attendant les prochaines échéances internationales qui ne surviendront que début juillet, en Argentine.