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Carton plein

Tournoi des six nations : le récital du XV de France contre le pays de Galles, sans fausse note mais avec un bémol

Tournoi des six nationsdossier
Ecrasants vainqueurs (43-0) d’un piteux adversaire qui poursuit son calvaire, les Bleus d’Antoine Dupont se tournent déjà vers un déplacement en Angleterre autrement périlleux.
Thomas Ramos au Stade de France, le 31 janvier 2025. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 1er février 2025 à 8h22

Froide (3 degrés au coup d’envoi) et humide, la météo était bien galloise, ce vendredi 31 janvier, au Stade de France, pour l’ouverture du Tournoi des six nations 2025. Mais il en aurait fallu plus, infiniment plus, pour que les visiteurs eussent pu fantasmer une issue heureuse, face à un XV de France qui n’avait nullement l’intention de tergiverser. 43-0. Le score est sec, terrible, humiliant. Plombé par une série de treize défaites consécutives, Galles poursuit donc sa descente aux enfers, après un Tournoi 2024 qui, malgré quatre points de bonus glanés au classement final, tenait bien du zéro (victoire) pointé.

Un an et demi maintenant que cet ex-fleuron longtemps redouté du rugby européen traîne son malheur, et ça n’était donc pas les troupes de Fabien Galthié, soucieuses de ne pas louper leur entrée dans le sommet continental, qui allaient faire preuve de magnanimité. A un degré tel, au demeurant, qu’il en devenait vite difficile de jauger catégoriquement la performance des Bleus tant la rencontre ne tardait pas à revêtir la physionomie d’un match de préparation, en attendant d’autres adversaires, crédibles cette fois.

Vaguelettes à l’entrée de Jégou et Auradou

A peine un quart d’heure de résistance illusoire, grosso modo, et il n’était plus question que d’une simple formalité. Sept essais : au festival de cannes des ailiers, en première mi-temps (deux pour Théo Attissogbe, autant pour Louis Bielle-Biarrey, sans même forcer), servis sur un plateau par le chef d’orchestre Antoine Dupont, aussi inspiré au pied qu’à la main, répondait en seconde période l’implacable domination des avants. Par l’intermédiaire de Julien Marchand et de Grégory Alldritt, ils écrabouillaient des Gallois qui, ayant vu leurs maigres velléités offensives échouer sur un rideau défensif tricolore parfaitement imperméable, ne marquaient donc pas le moindre point de la rencontre. Laquelle, perdue d’avance, n’en prenait pas moins une tournure pathétique validée par un écart de niveau qui n’avait certainement jamais transparu à un tel point entre les deux nations.

Dupont a donc régalé le temps d’une mi-temps, Galthié le sortant en début de seconde, en prévision de la suite du Tournoi, avec une petite inquiétude semble-t-il dissipée consécutive à un coup reçu sur un mollet. Grégory Alldritt, lui, a maintenu un rythme élevé de la première à la dernière minute - ce qui lui vaudra le titre d’homme du match -, alors qu’on soupçonnait naguère chez le Rochelais une baisse de régime. Les minots Attissogbe et Bielle-Biarrey n’ont pas laissé passer les occasions offertes de transpercer des Gallois aux abois. Et les entrées en qualité de remplaçants des très controversés David Auradou puis Oscar Jégou n’ont provoqué que des vaguelettes dans le stade, le second, arrivé seul sur le gazon, contrairement au premier (infiltré au milieu de plusieurs partenaires), récoltant une petite salve de sifflets vite dissous dans la ferveur populaire. Galthié a réaffirmé après la rencontre leur «droit à une deuxième chance et à la rédemption – ils nous ont rendu la confiance qu’on leur a accordée».

«Un tout autre contexte le week-end prochain»

Aucune fausse note – pas même un blessé - n’était ainsi à déplorer pour ce France-Pays de Galles en mode open bar… Sinon qu’à neuf minutes du gong, Romain Ntamack a terni son retour en bleu, après un an et demi d’absence consécutive à deux blessures, en récoltant un carton jaune virant au rouge, suite à un contact épaule contre tête avec son homologue adverse, l’ouvreur Ben Thomas. Ce qui, de fait, le privera sans doute du prochain match, contre l’Angleterre, et contraindra Fabien Galthié à repenser une charnière qui venait juste d’être reconstituée avec son partenaire du Stade Toulousain, Antoine Dupont. «La décision est juste par rapport aux règles et je suis d’accord avec la sanction», a précisé le sélectionneur tricolore, tout en se permettant d’insister sur la nature malencontreuse du geste.

Un couac qui, en tout cas, ne ternit pas (trop) aux yeux du patron une copie où «l’équipe a été juste dans ses positions défensives, comme dans les variations offensives». Mais, ajoutait Antoine Dupont, conscient qu’à vaincre sans peine… «un très bon premier match ne donne aucune garantie sur la suite du Tournoi. Ce sera un tout autre contexte le week-end prochain». Son partenaire de club, le talonneur, Julien Marchand, incitant en écho à «rester mesuré et ne pas trop s’emballer, car on sait que ça va cogner fort à Twickenham». Où, en guise de prochain adversaire, l’Angleterre n’a pas oublié que lors de leur dernière venue, en 2023, les Bleus avaient signé un fracassant 53-10 que, deux ans plus tard, personne n’a digéré.