A l’image de leurs homologues footballeuses, les joueuses de rugby ont décidé de monter au créneau. L’équipe féminine australienne a interpellé la Fédération nationale pour dénoncer les inégalités et le manque d’investissements dont elle souffre par rapport à l’équipe masculine, les «Wallabies».
Dans une action coordonnée, presque toutes les joueuses en exercice ont publié la même déclaration sur les réseaux sociaux ce dimanche 20 août en fin de journée, demandant à l’instance dirigeante de répondre à leurs préoccupations.
“Well behaved women seldom make history” - I LOVE 👏👏👏 stan our Wallaroos #rugby #wallaroos pic.twitter.com/rXQ9VMvGyM
— Pavitra Ravi 💙🏉 (@PavitraRavi4) August 20, 2023
Leur colère semble avoir été déclenchée par le fait que des épouses et des petites amies de joueurs des Wallabies ont été transportées par avion à Sydney pour «dire au revoir» à l’équipe masculine la semaine dernière, alors qu’elle partait pour la Coupe du monde en France. «Vous nous avez dit que tout vol au-delà de la classe économique était trop coûteux. Puis vous avez fait voyager les Wallabies en classe affaires pour un trajet plus court que le nôtre, ont-elles regretté. Vous ne cessez de dire que nous n’avons pas assez de ressources, et pourtant nous avons toutes assisté à l’envoi des Wallabies à la Coupe du monde.»
Aucune dépense n’a été refusée à l’équipe masculine d’Eddie Jones, pourtant peu performante avant la Coupe du monde, avec des stages d’entraînement et un voyage dans le nord de l’Australie avant leur départ.
Reportage
L’équipe féminine, les Wallaroos, employée à temps partiel, s’est également offusquée du fait que Jones ait onze assistants. «Vous avez dit que notre programme deviendrait professionnel et que notre entraîneur serait à plein temps. Combien d’entraîneurs Eddie a-t-il emmenés à la Coupe du monde ?» ont-elles demandé. Leur coach, Jay Tregonning, est encore enseignant à temps partiel.
Elles ont également critiqué la décision de Rugby Australia de recruter cette année le jeune prodige Joseph Sua’ali’i sur la base d’un contrat de 5 millions de dollars australiens (3,2 millions de dollars américains). «Vous nous avez dit que des contrats à temps plein étaient en préparation, qu’il n’y avait pas assez d’argent pour maintenir les hommes dans le jeu, sans parler de nous. Puis vous avez payé 5 millions de dollars pour un joueur.»
«Nous avons vu l’impact que le sport féminin a eu sur le paysage sportif australien», ont-elles poursuivi, en faisant référence à la vague de soutien à l’équipe de football féminine australienne lors de la Coupe du monde qui vient de s’achever. «L’avenir de nos matches est en jeu. C’est à vous de jouer, Rugby Australia.»
La fédé reconnaît devoir travailler
Sans adresser directement les questions abordées dans le document, la Fédération australienne de rugby a admis qu’elle devait faire plus pour l’égalité entre les joueurs. «Rugby Australia continuera à impliquer l’équipe des Wallaroos […] dans tous les plans et développements concernant l’investissement dans le rugby féminin» a déclaré la fédération. «Nous prenons des mesures en vue d’un avenir entièrement professionnel pour les Wallaroos et nous investissons plus largement dans le rugby féminin à travers les compétitions nationales et locales – et nous savons que nous avons encore du chemin à parcourir.»
En février, Rugby Australia avait annoncé qu’elle commencerait à signer des contrats à temps partiel avec les joueuses des Wallaroos dans le cadre d’une première étape vers une augmentation progressive des investissements au cours des cinq prochaines années.