Kessy se penche, le volant serré dans sa main gauche. Elle étire ses épaules avant de laisser partir sa raquette. Face à elle, un autre détenu, Kint (un surnom) répond avec énergie. D’un côté à l’autre, les volants fusent. Kint perd le point. «C’est ta raquette, elle est trouée ?» charrie Kessy. Ce matin de novembre, dans le gymnase du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne (Vienne), quatre filets de badminton ont été installés. Dix détenus du centre de détention, sept hommes et trois femmes, se partagent les terrains. «J’ai perdu, puis j’ai gagné, mais j’ai surtout rigolé, dit Kint, dont le tee-shirt blanc fait ressortir les traces de l’effort. Avec les mecs, l’autre est toujours un adversaire. Il y a ce truc de testostérone et de vouloir se montrer, “c’est moi le plus fort !” Avec les filles, j’ai moins la pression. C’est calme, ça casse les barrières.»
Sur les 742 personnes incarcérées à Poitiers-Vivonne, 35 sont des femmes. Depuis 2020, des séances de badminton, tennis de table et boxe, entre autres, ont été ouvertes à la pratique en mixité. Elles sont ponctuelles, comme celle d’aujourd’hui, ou organisées en sessions de plusieurs jours ou semaines. «Avant, les femmes avaient seulement accès au gymnase et à un nombre restreint d’activités physiques comme le yoga ou la musculation, détaille Sonia, la monitrice de sport à l’origine du projet. Elles ne pouvaient pas se rendre au stade, ni pratiquer en extérieur, car on n’était pas en mesure de