Un an après être arrivé en Formule 1, Nikita Mazepin déjà out. L’écurie américaine Haas a indiqué qu’elle mettait fin au contrat du pilote. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’avenir de ce pilote moscovite – arrivé dernier du classement en 2021 avec aucun point marqué et cinq abandons – semblait s’inscrire en pointillé. La fédération britannique des sports mécaniques avait d’ores et déjà annoncé qu’aucun pilote russe ou bélarusse ne participera à des compétitions au Royaume-Uni. Celle d’Ukraine fait pression sur la Fédération internationale de l’automobile pour qu’elle les bannisse complètement. Pour le moment, elle les autorise à participer sous drapeau neutre.
Le cas était d’autant plus délicat du fait de la filiation est le fils de Dmitry Mazepin, un milliardaire et oligarque proche de Vladimir Poutine. C’est d’ailleurs grâce à son père qu’il est rentré en Formule 1, au sein de l’équipe américaine Haas : Dmitry Mazepin est l’un des principaux actionnaires d’Uralkali, une entreprise russe spécialisée dans la potasse, devenue le premier sponsor de l’écurie en 2021. Pour compenser le départ du Français Romain Grosjean, Haas a accepté de recruter le jeune Nikita Mazepin, un poil pistonné par son père. Le contrat de sponsoring a été révoqué en même temps que celui du pilote.
Casseroles et rixes
La rupture du contrat est un geste fort de la part de Haas qui, au bord du gouffre financier, recevait 15 à 20 millions d’euros par saison grâce à l’aide de l’entreprise russe. La décision annoncée samedi a tout de même été précédée de signes avant-coureurs. Lors des essais de présaison à Barcelone, vendredi, Haas avait enlevé le logo d’Uralkali qu’arbore habituellement sa monoplace, laissant présager une rupture de contrat.
Un scénario qui a donc aussi précipité le départ de Nikita Mazepin. Ce qui ne sera pas vraiment une grosse perte pour la Formule 1, tant le jeune Russe s’est illustré par ses bourdes et ses comportements déplacés. En décembre 2020, une semaine après l’officialisation de son arrivée dans la compétition, il diffusait sur son Instagram une vidéo de lui en train de toucher la poitrine d’une femme visiblement alcoolisée et non consentante. Dans l’embarras, Haas, qui venait de recruter en même temps Mick Schumacher (fils de Michael), publie un communiqué condamnant cette agression sexuelle.
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Ce comportement n’est pas isolé : Mazepin s’était fait remarquer en participant à plusieurs rixes avec ses concurrents lorsqu’il était dans des championnats inférieurs ou, sur les réseaux sociaux, en commentant d’un emoji amusé une remarque raciste visant le pilote japonais Yuki Tsunoda ou en faisant des remarques homophobes. Avant même qu’il fasse ses débuts en Grand Prix, les hashtags #MazepinOut et #WeDontWantMazepin fleurissent sur Internet. Une pétition réclamant son retrait est même lancée et récolte près de 50 000 signatures.
Mèmes et «MazeSpin»
L’initiative restera lettre morte, ni la FIA ni Haas ne se décidant à le suspendre, et le 28 mars 2021, Nikita Mazepin est bien sur la grille de départ du Grand Prix de Bahreïn, le premier de la saison. Mais sa course est désastreuse : un virage mal négocié lui fait faire un tête-à-queue qui l’envoie en dehors de la piste et le contraint à l’abandon. Dès le troisième tour. Sa carrière en Formule 1 vient à peine de débuter qu’il est déjà la risée des fans. Ces derniers l’affublent du surnom de «MazeSpin», contraction de son nom et de «spin» qui signifie «tourner» en anglais. Il faut dire qu’en comptant ceux en présaison et en qualifications de ce premier Grand Prix, le Russe en est déjà à six tête-à-queue. Les plaisanteries et les mèmes le tournant au ridicule s’accumulent. Un site faisant le décompte de tous ses dérapages au cours de la saison est même créé.
Nikita Mazepin au Grand prix de Monaco ça va être un régal 🤣🤣 pic.twitter.com/irh9EHO1gF
— Max (@xouma92) April 16, 2021
Une médiocrité qui l’a presque rendu sympathique aux yeux du grand public, faisant oublier ses attitudes abusives. De tête brûlée détestée de tous, Nikita Mazepin est devenu un personnage que l’on aime railler voire soutenir, d’aucuns soulignant qu’il n’est pas responsable des choix du gouvernement de son pays. Ainsi de l’ex-pilote Helmut Marko, devenu cadre de l’équipe Red Bull Racing (qui compte parmi ses coureurs le champion du monde 2021 Max Verstappen), qui a pris la défense du jeune Russe. «Il n’est pas nécessaire de l’exclure en raison de sa nationalité», a-t-il déclaré, comparant son cas avec celui du joueur de tennis numéro 1 mondial Daniil Medvedev qui n’a pas été exclu. A cette différence près que lui n’est pas arrivé au haut niveau grâce au concours d’une entreprise proche du Kremlin…
Mise à jour : samedi 5 mars avec l’annonce de la rupture du contrat entre Mazepin et Haas