Menu
Libération
LGBT+

F1 : Ralf Schumacher, frère de Michael et ancien pilote, fait son coming out dans un paddock encore très hétéro

Le drapeau arc-en-ciel rejoint celui à damier. Le frère de «Schumi», au volant d’une Formule 1 entre 1997 et 2007, a révélé son homosexualité dans un message sur Instagram dimanche 14 juillet. Il est l’un des premiers pilotes à le faire.
Ralf Schumacher à Monaco le 24 mai 2024. (Marco Canoniero/Newspix.Icon Sport)
publié le 15 juillet 2024 à 13h01

Deux hommes serrés l’un contre l’autre, face au soleil qui vient se blottir dans l’océan, avec pour légende : «La plus belle chose dans la vie est d’avoir le bon partenaire à ses côtés, avec qui on peut tout partager.» Un message romantique somme toute assez classique sur Instagram, parmi des millions de publications similaires. Sauf si son auteur est un ancien pilote de Formule 1 et frère de l’un des plus célèbres d’entre eux. Dimanche 14 juillet au soir, l’Allemand Ralf Schumacher a rendu publique son homosexualité. Il suscite, depuis, de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux - sa publication culmine à cette heure plus de 320 000 j’aime et 21 000 commentaires.

Si Ralf Schumacher n’a pas le palmarès de son septuple champion du monde de frère et n’est pas le plus connu du grand public, l’Allemand de 49 ans a tout de même roulé dans la catégorie reine du sport auto pendant dix ans, de 1997 à 2007 : 180 départs de Grand Prix, 6 courses remportées, 27 podiums.

Le symbole de son coming out reste très fort dans un sport réputé bourré de testostérone - bien qu’il essaie de redorer son blason, aidé par une série documentaire Netflix qui frise la téléréalité et cumule des dizaines de millions d’heures de visionnage. De telles prises de position sont déjà très rares et difficiles dans le milieu sportif, elles semblent l’être d’autant plus dans un sport auto toujours très masculin.

Avant «Ralfie», seul Mike Beuttler, pilote anglais dans les années 70, avait - plus ou moins - publiquement révélé son homosexualité. Car si les pilotes voire les team principal (chefs d’équipe) n’ont aucun mal à s’afficher avec leurs compagnes sur le paddock, les couples gays semblent complètement absents des écrans de la F1.

La F1 reste encore quasi-exclusivement masculine : seulement deux femmes ont pris le départ d’un Grand Prix, aucune depuis Lella Lombardi en 1976. Avec le départ de Claire Williams en 2020, les fonctions de chefs d’écuries sont aussi trustées par des hommes.

Côté apparences, il y a des «avancées» mises en avant par le sport. Depuis 2018, exit les femmes en petites tenues sur la ligne de départ, pas en accord avec «les valeurs défendues» par le nouveau propriétaire Liberty Media (il était temps). En juin 2020, la F1 lance «We Race As One» afin de promouvoir la diversité dans le sport et dénoncer les discriminations (racisme, essentiellement, mais aussi LGBTphobies), un temps évoqué à chaque début de Grand Prix et même floqués sur les voitures de la FIA. Mais bien moins visible désormais - faut-il y voir un lien avec des pays où se déroulent certaines courses, comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Hongrie, peu au fait du «progressisme» que voudrait afficher le sport ?

Silence des autres pilotes

De grands noms se sont aussi exprimés sur l’homophobie. On peut penser à Lewis Hamilton, septuple champion du monde qui a commencé à arborer les couleurs LGBT sur son casque depuis fin 2021. Ou encore Sebastien Vettel, quadruple champion du monde allemand et jeune retraité du paddock : «Je pense qu’un pilote de Formule 1 gay serait le bienvenu - et à juste titre, affirmait-il dans le magazine gay «Attitude» en 2022. Tout en admettant que «certains membres de la communauté des automobilistes, si je peux les appeler ainsi, sont néanmoins très lents – presque statiques – lorsqu’il s’agit de progresser.»

Mais pour l’instant, ni Vettel ni Hamilton n’ont réagi. Le fils de Ralf, David, a bien félicité son père en commentaire à sa publication ; pas son neveu, Mick Schumacher, pilote F1 entre 2021 et 2022 et participant de l’édition 2024 des 24 heures du Mans. Silence sur la grille.

Dans une nouvelle publication en début de semaine, Ralf Schumacher a cette fois révélé l’identité de son compagnon : il s’agit d’Etienne Bousquet-Cassagne, ancien candidat à des élections sous l’étiquette FN, notamment lors d’une législative partielle du Lot-et-Garonne en 2013.

Mise à jour le 17 juillet à 9 h 32 : ajout de la nouvelle publication de Ralf Schumacher et de l’identité de son compagnon.