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Le portrait

Stéphane Moulin, l’attentionné d’Angers

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L’entraîneur d’Angers, qui partira en fin de saison après dix ans sur le banc, incarne un foot encore à hauteur d’hommes.
Stéphane Moulin, le 19 avril, à Angers. (Théophile Trossat/Libération)
par Frédéric Autran et photo Théophile Trossat
publié le 8 mai 2021 à 6h00

«Te moque pas, Rico !» Bras ballants et visage collé aux mailles du filet que ses attaquants faisaient trembler une heure plus tôt à l’entraînement, Stéphane Moulin s’amuse de sa pose un peu ridicule. Et intime, goguenard, à l’intendant du club, le fameux Rico, de ravaler ses quolibets. Un peu dubitative face aux instructions quasi militaires du photographe - «levez la tête», «fermez les yeux» - auxquelles le coach du SCO d’Angers se plie avec une affabilité touchante tout en marmonnant «je déteste ça», l’attachée de presse se marre et immortalise la scène avec son smartphone.

Dix-septième budget de Ligue 1 - 45 millions d’euros, à des années-lumière des 540 millions du PSG -, le club du Maine-et-Loire n’a guère les moyens de se prendre au sérieux. Ce n’est pas le genre de la maison, et surtout pas de son meneur d’hommes emblématique, qui arbore baskets blanches, jean, doudoune et bonhomie sur le banc du SCO depuis dix ans. Cette longévité fait de lui un ovni dans le milieu nomade et instable du foot pro, où défaites riment souvent avec tôpette, «au revoir» en patois angevin. Il n’y a qu’à regarder le voisin et rival nantais qui, sur la même période, a consumé une dizaine d’entraîneurs, et trois pour la seule saison en cours, au terme de laquelle les Canaris pourraient malgré tout rejoindre la Ligue 2.

Quelle fée a bien pu se pencher sur le berceau du petit Stéphane, né à Paris en 1967 d’un père informaticien et d’une mère