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Judo

Teddy Riner, les raisons d’un retour surprise

JO Paris 2024dossier
La méga star du judo français a annoncé in extremis mercredi 24 janvier sa participation au Grand Chelem de Paris, du 2 au 4 février. L’occasion de marquer la concurrence à six mois des Jeux de 2024.
Le judoka Teddy Riner à Belgrade avec des fans, le 9 décembre 2023. (Oliver Bunic/AFP)
publié le 25 janvier 2024 à 11h54

En saison olympique, les succès de l’été se jouent souvent l’hiver précédent. Certains favoris aiment se faire oublier, semblant lâcher un temps la proie pour l’ombre, afin de mieux revenir le jour J en mode crotale. D’autres, au contraire, cochent quelques dates charnières en chemin pour entrer dans le crâne de l’opposition et ne plus en ressortir jusqu’à l’heure de vérité. Cette stratégie du tatouage mental indélébile a toujours été celle du Français Teddy Riner. Le cotenant du titre mondial des +100 kg a attendu d’être à J-8 du tirage au sort de la 50e édition du Grand Chelem de Paris pour faire monter d’un coup le palpitant de toute une catégorie. Quand le chat revient, les souris dansent soudain moins bien.

Installé dans un faux rythme depuis le début de l’olympiade censée le mener au triomphe à Paris 2024, entre souci de s’économiser et crainte permanente de la blessure invalidante, Teddy Riner sort peu mais toujours vainqueur du tapis – 24 victoires d’affilée à l’international depuis les JO de Tokyo, dont deux grands chelems et un onzième titre mondial en mai 2023 au Qatar. Exit les années 2020 et 2021 où, en manque de timing et de réglages après son année et demie de pause, il avait en l’espace de dix-sept mois concédé autant de défaites (trois) que sur l’ensemble des quatorze saisons précédentes. Sur le papier, l’enjeu est double : tester l’opposition et grimper au classement international pour s’octroyer le droit de sauter un tour aux JO, privilège sur lequel le Guadeloupéen ne peut objectivement plus tourner le dos, lui dont l’état civil affiche 34 printemps mais dont l’âge ressenti après deux décennies à si haute altitude est probablement le double.

Fonctionnement «à la carte»

Où en est-il à quasi deux cents jours du point culminant de sa cinquième campagne olympique ? Sur les réseaux sociaux, son hashtag #TrainLikeRiner dit beaucoup du cheminement récent de ce double père de famille. Il est signalé un jour au Kazakhstan, un autre au Brésil, un troisième au Japon, au Maroc ou en Guadeloupe, toujours entouré de sparring partners locaux castés sur-mesure et d’un staff fidèle et aux petits oignons. «Il a un fonctionnement totalement autonome, rappelle Baptiste Leroy, responsable depuis l’automne 2022 de l’équipe de France masculine. A dire vrai, nous le croisons presque aussi rarement que notre équipe féminine mais, quand il rejoint le groupe, il se fond totalement dans le collectif.» Aux championnats d’Europe de Montpellier, début novembre, le taulier du PSG Judo s’est contenté de passer une tête en loges. L’émeute provoquée explique aussi ce fonctionnement à l’écart – «à la carte», assume son entraîneur personnel, Franck Chambily.

A l’AccorArena, le premier dimanche de février, le Français pourrait croiser une prometteuse opposition ouzbèke, cubaine ou finlandaise. Surtout, il pourrait affronter pour la première fois depuis quatre ans le Tchèque Lukas Krpalek, qui a depuis dix ans tout gagné en -100 kg puis en +100 kg mais qui, comme beaucoup, ne l’a jamais battu. Six mois et neuf petites stations de métro le sépareront ensuite de cette troisième couronne olympique individuelle qui lui semble promise depuis près de deux décennies déjà.