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Billie Jean King Cup : emmenée par Caroline Garcia, la France s’impose face aux Pays-Bas

Fraîchement arrivée des Etats-Unis après sa victoire aux Masters de fin d’année, la nouvelle numéro 4 mondiale a apporté le point décisif lors d’une rencontre de barrage ce samedi au Portel.
Caroline Garcia lors de la première journée de la Billie Jean King Cup, au Portel, dans le Pas-de-Calais, le 11 novembre 2022. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 12 novembre 2022 à 20h20

Depuis deux jours, le son des tambours et des «Allez les Bleues» fusent dans la salle du Chaudron pleine à craquer. Cette fois-ci, ce n’est pas pour un match de basket de l’ESSM Le Portel Côte d’Opale que les 3 500 personnes présentes dans l’enceinte, réputée pour son ambiance survoltée, donnent de la voix, mais pour une rencontre de tennis. Le 11 et 12 novembre, la France était en effet opposée aux Pays Bas lors des barrages de la Billie Jean King Cup (ex-Fed Cup) au Portel, dans le Pas-de-Calais.

Ce samedi après-midi, après un dernier service gagnant, la leadeuse de l’équipe de France, Caroline Garcia, lève les bras au ciel en jetant sa raquette. Fraîchement arrivée des Etats-Unis où elle a créé la sensation en remportant le prestigieux Masters de fin d’année à Fort Worth au Texas, la numéro 4 mondiale a tenu son rang de meilleure joueuse du moment en remportant sans encombre le match offrant le point de la victoire à la France (6/2 6/3 en 1h22 face à Lesley Kerkhove, 207e mondiale).

«Voilà, c’est ça qu’on voulait !»

Si sur le papier, les tricolores étaient largement favorites face à une équipe des Pays-Bas composée de Suzan Lamens (23 ans, 213e mondiale, première sélection), Lesley Kerkhove (31 ans, 207e mondiale), Demi Schuurs (29 ans, 512e en simple, 17e en double) et Lexie Stevens (23 ans, 432e), l’enjeu de ce match de barrage n’en restait pas moins important : le maintien dans le groupe de l’élite mondiale. Après sa défaite contre l’Italie lors du tour qualificatif en avril à Alghero, l’équipe de France devait impérativement s’imposer ce week-end pour ne pas être rétrogradée en division inférieure et ainsi garder une chance de remporter la Billie Jean King Cup en 2023 (elle se déplacera en Grande-Bretagne les 14 et 15 avril pour tenter de valider son ticket pour la phase finale).

«Voilà, c’est ça qu’on voulait ! Merci Caro !» lance avec ferveur un supporteur, entortillé dans son écharpe tricolore. Depuis deux jours, la Française est accueillie telle une rock star par le public du Chaudron, une large ovation emplissant systématique le stade à l’annonce de son nom par le speaker. Les récents exploits de la tricolore sont sur toutes les lèvres : «J’ai suivi ce qu’elle a fait au Masters. C’est en grande partie pour la voir qu’on est là», chuchote entre deux échanges Rafael, 55 ans, venu avec ses enfants de Boulogne-sur-Mer pour assister à la rencontre. Comme de nombreuses personnes, le supporteur a été quelque peu déçu du retrait de la Française à la dernière minute vendredi, alors qu’elle s’était entraînée normalement la veille et le jour même avec sa coéquipière Chloé Paquet.

En concertation avec un médecin indépendant et le staff, le capitaine Julien Benneteau a finalement décidé de ne pas aligner Garcia le vendredi. Il faut dire que le timing de la Lyonnaise, sélectionnée depuis plusieurs mois pour la rencontre, a été très serré.

L’euphorie de son sacre lundi au Masters à peine passée, la tricolore a très vite dû se concentrer sur la rencontre de Billie Jean King Cup. «Il y a forcément de la fatigue, on ne va pas se mentir, le voyage a été long et les dernières nuits courtes, avec l’excitation, le décalage horaire… expliquait-elle à la presse jeudi. Je n’ai pas encore digéré, c’est hyper récent. Et aujourd’hui, je suis avec l’équipe de France donc ce n’est pas le moment de penser à ce qu’il s’est passé lundi. C’est un week-end hyper important pour nous et je vais essayer d’apporter toute l’énergie positive que j’ai grâce à cette victoire.»

En devenant la deuxième Française à s’imposer au Masters de fin d’année après Amélie Mauresmo en 2005, Caroline Garcia est entrée dans une autre dimension. Depuis Roland-Garros en juin, où elle s’est par ailleurs imposée en double avec Kristina Mladenovic, la numéro 4 mondiale (son meilleur classement, déjà atteint en 2018) est la joueuse ayant récolté le plus de points sur le circuit WTA sur la deuxième partie de la saison (3 983 points contre 3 795 pour la numéro 1 Iga Swiatek).

«Elle a marqué une grande page de l’histoire»

La Française s’était pourtant rendue aux Etats-Unis dans des conditions particulières après le départ de son entraîneur, Bertrand Perret, élément phare de son ascension cette année. Ce dernier, qui la suit depuis le mois de novembre 2021, l’a aidée à passer de la 75e place mondiale à la 6e en quelques mois (avec trois titres au compteur à Bad Homburg, Varsovie et Cincinnati et une demi-finale à l’US Open). Mais des problèmes de nature extra-sportive «ont fini par gâcher l’ambiance», a-t-il expliqué à l’Equipe, sans donner plus de détails, le poussant à mettre brutalement fin à leur collaboration fin octobre. Pris de court, le clan Garcia a fait appel à l’entraîneur argentin Juan Pablo Guzmán pour la suivre durant son aventure texane. Capitalisant sur la confiance engrangée ces derniers mois, Caroline Garcia n’a pas semblé plus déstabilisée que cela sur les terrains de Fort Worth, remportant là-bas le plus grand titre de sa carrière.

«C’est historique ce qu’elle a fait. Elle a marqué une grande page de l’histoire, elle le mérite. Maintenant, par expérience, je sais qu’il faut toujours remettre les compteurs à zéro avant une rencontre de Fed Cup. Il va falloir qu’elle récupère émotionnellement et physiquement, elle est humaine comme tout le monde», anticipait sa coéquipière Alizé Cornet avant la rencontre. Trop juste vendredi, Caroline Garcia a été remplacée au pied levé par Diane Parry. La jeune Française de 19 ans, 76e mondiale, disputait son premier match avec le maillot de l’équipe de France. Parfaitement lancée par une Alizé Cornet exemplaire lors du premier match (victoire 6/2 6 /0 en 56mn contre Lesley Kerkhove), Diane Parry est passée par toutes les émotions, sauvant même une balle de match, avant de s’imposer dans le tie-break du 3e set – victoire 7/6 (5) 6/2 7/6 (3) en 2h33 contre Suzan Lamens.

Samedi, le match de Caroline Garcia, forcément très attendu, ne fut qu’une formalité malgré la fatigue apparente de la tricolore. «J’étais trop contente de pouvoir jouer aujourd’hui. Quand le speaker a annoncé mon palmarès, ça m’a fait chaud au cœur de voir la réaction du public, c’est quelque chose de très nouveau, a-t-elle lancé après le match, les yeux cernés mais visiblement soulagée. J’ai eu beaucoup de messages depuis lundi. L’engouement est incroyable.» Place à quelques jours de vacances bien mérités pour la numéro 1 française qui se lancera ensuite dans une préparation foncière avant de partir en Australie en janvier, avec un objectif en tête : briller à l’Open d’Australie.