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Carlos Alcaraz, bon pied, bon œil, bon bras

L’Espagnol de 19 ans, qui attaque le tournoi de Paris-Bercy comme numéro un mondial, s’est métamorphosé physiquement ces dernières années et présente une variété technique rarement vue.
Carlos Alcaraz à l'entraînement à Rio en février 2022. L'Espagnol a réalisé un travail conséquent lors des cinq semaines de l’intersaison fin 2021 pour gagner quelques kilogrammes de masse musculaire. (Bruno Alencastro/Abaca)
publié le 31 octobre 2022 à 18h24

Si Carlos Alcaraz a entrepris un travail mental avec une psychologue, le jeune numéro 1 mondial s’appuie aussi sur des bases physiques et techniques de grande qualité. Et le produit fini n’est peut-être pas encore apparu aux yeux de tous.

Le physique : une croissance pas encore terminée

La progression du jeune Alcaraz a été fulgurante dans un domaine : son physique. Naturellement rapide et coordonné, le joueur de Murcie a dû toutefois réaliser un travail conséquent lors des cinq semaines de l’intersaison fin 2021 pour gagner quelques kilogrammes de masse musculaire. Début 2022, à l’Open d’Australie où il est défait au troisième tour par l’Italien Matteo Berrettini, les spectateurs découvrent ainsi un joueur en débardeur, exhibant des biceps impressionnants pour ses 18 ans. De quoi alimenter les débats sur la ressemblance avec son compatriote Rafael Nadal. «Sur ces 75 kilos, près de 60 % représentent de la masse musculaire, expliquait alors Alberto Lledó, son préparateur physique, au quotidien sportif espagnol Marca. Il y a une part de génétique dans sa corpulence, mais 80 % de celle-ci est due au travail.»

En plus des heures passées à la salle de musculation, l’Espagnol a en effet dû suivre un régime alimentaire spécifique car son métabolisme brûle les graisses rapidement, ce qui rend la prise de poids difficile. Sa transformation lui vaut, en plus de ses résultats, d’être la plus jeune personne de l’histoire à faire la couverture du magazine Men’s Health Spain en février. Si sa fiche ATP indique toujours 74 kilos pour 1m83, «Carlitos» pointe aujourd’hui plutôt autour des 80 kilos, le tout sans perdre de sa vélocité et de son explosivité. «Le gamin grandit et pas seulement au niveau musculaire, au niveau osseux également, explique Alberto Lledó. Ce processus se poursuivra jusqu’à ses 21 ans.»

La technique : le tennis «total»

Difficile de trouver des failles à l’Espagnol. Mentalement, sa précocité impressionne. Physiquement, il semble infatigable et est, pour le moment, préservé des blessures. Reste l’aspect technico-tactique. Or, nombreux sont les observateurs à voir en Carlos Alcaraz un joueur au tennis «total». «Il est le reflet de tout ce que l’on peut faire dans le tennis moderne. D’un côté, il incarne les valeurs espagnoles, avec une grande solidité du fond de court, et de l’autre, il a énormément d’options offensives dans son jeu, avec beaucoup de créativité et une très belle main. Il est l’archétype du joueur qui n’a pas vraiment de limite. En tout cas, techniquement, il n’en a pas», analyse Patrick Mouratoglou, coach de la Roumaine Simona Halep (ancienne numéro un mondiale, suspendue provisoirement pour dopage) et du Danois Holger Rune (25e mondial, 19 ans) auprès du site spécialisé Tennis Majors.

Carlos Alcaraz semble réunir des qualités propres aux trois meilleurs joueurs de tous les temps. Comme Roger Federer, l’Espagnol est capable d’être très agressif, en prenant la balle tôt et en se projetant très vite vers l’avant, tout en restant créatif. L’amorti est un coup qu’il maîtrise à la perfection et il n’hésite pas à venir terminer les points au filet ou à faire service-volée. De plus, son œil lui permet d’être un excellent contre-attaquant et retourneur, à l’instar de Novak Djokovic. Sa technique est assez stable et fluide pour lui permettre de mettre beaucoup d’effets dans la balle, tout en restant à l’aise lorsque les échanges s’allongent, comme un certain Rafael Nadal.