Menu
Libération
Billet

Des trous dans la raquette de Saint Federer ? Une déception de dévots

Article réservé aux abonnés
Une enquête d’un magazine suisse sur les pratiques de la marque On, qui commercialise des chaussures de sport, écorne l’image du légendaire champion de tennis qui en est actionnaire. Mais Roger Federer est un businessman notoire et cette affaire n’illustre que l’exercice du capitalisme dans toute sa brutalité.
Federer avec une paire de chaussures On. (compte Instagram @on)
publié le 14 février 2024 à 12h57

Le pavé dans la mare a été balancé le 16 janvier, par Ktipp, magazine suisse spécialisé dans la défense des consommateurs. Intitulé «On gagne outrageusement de l’argent avec ses chaussures de sport», l’article étrille les pratiques de la marque On, qui consistent à vendre ses produits fabriqués au Vietnam avec des marges dantesques, en rémunérant très mal la main-d’œuvre, et sans garantie de qualité.

On, dont le siège est à Zurich, ne communique pas les coûts de production de ses chaussures. Ktipp a contourné l’obstacle en analysant «des données douanières confidentielles de juillet à octobre 2023 pour 30 modèles actuels de On et 20 chaussures d’autres fabricants». Le modèle «Cloudaway» de On ? Le groupe se le procure pour 20,73 francs suisses et le vend à 200 (environ 210 euros). Même s’il faut déduire les frais de transport et de douane d’environ 1,70 franc et la TVA suisse (14,99 francs), le saut relève indéniablement du grand écart. Idem de la «Cloudsurfer» – vendue 220 francs suisses, moyennant 19,76 francs versés aux usines vietnamiennes. La paire la plus chère, «Cloudtilt Loewe», collaboration avec la marque de luxe espagnole Loewe, est vendue 445 francs suisses alors que facturée 20,80 à On par ses prestataires, donc vingt fois plus que le prix d’usine.

250 francs de salaire versus 19 millions

Ktipp le souligne, faire fabriquer à bas prix au Vietnam