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Relève

Djokovic secoué par la nouvelle vague italienne

Roland-Garros 2024dossier
Le numéro 1 mondial s’est qualifié pour les quarts de finale du tournoi parisien mais a tout de même concédé les deux premiers sets à Lorenzo Musetti, 19 ans à peine. L’Italien a été remarquable, avant de lâcher prise et d’abandonner sur blessure.
Novak Djokovic bat l’italien Lorenzo Musetti à Paris, ce lundi. (Mathias Depardon /Libération)
publié le 7 juin 2021 à 19h12

On aurait dit Garibaldi en campagne. Lorenzo Musetti a livré un combat incroyable contre le numéro 1 mondial. Incisif face à un Novak Djokovic fébrile, le jeune Italien d’à peine 19 ans a su mettre son adversaire en grande difficulté. Il est allé chercher les deux premiers sets au tie-break, avec une sérénité et une maturité digne des plus grands, s’offrant même cinq balles de set au second jeu décisif. Des revers surpuissants et précis ont plusieurs fois poussé son adversaire à la faute. Particulièrement gêné sur son propre revers, le Serbe a commis quelques erreurs étonnantes, surtout vu son niveau de jeu depuis le début de ce Roland-Garros.

Inébranlable sur les trois premiers tours, remportés en trois sets assez rapidement, Novak Djokovic a chancelé face à l’un des acteurs de la renaissance du tennis italien. Il semble même avoir complètement craqué dans le jeu décisif du deuxième set. Souvent acculé, on l’a vu gémir sur plusieurs points pour tenter de reprendre le dessus. Deux sets très disputés où le natif de Carrare, en Toscane, avait souvent l’ascendant, tant dans le jeu que dans la tête. Et le soutien grandissant d’un public impressionné par la performance de ce futur grand.

Rouleau compresseur

Sauf que voilà. Novak Djokovic ne détient pas le record du nombre de semaines passées au premier rang mondial pour rien. Et contrairement à Roger Federer, qui s’est retiré dimanche, lui ne compte pas abandonner. Dans le troisième set, le «Djoker» fait son grand retour après un petit tour aux vestiaires pour se changer. Plus percutant sur son premier service, il parvient à breaker l’Italien d’entrée. Lorenzo Musetti s’offre ensuite un jeu blanc, sans que cela suffise pourtant à le relancer. Le Serbe déroule pour finalement s’imposer 6 jeux à 1, en tout juste vingt-deux minutes. Les deux premiers sets avaient duré plus d’une heure chacun.

Le soutien du public, qui est allé crescendo, n’a pas été suffisant pour permettre à l’Italien de retrouver son niveau de jeu incroyable du début de match. Dans le quatrième set, Djokovic breake d’entrée et accélère encore un peu plus la cadence. Les doutes du Serbe semblent s’être envolés, les fautes directes avec. On retrouve le rouleau compresseur du début du tournoi et son adversaire semble de plus en plus gêné. 6-0 pour le quatrième en à peine seize minutes.

Lorenzo Musetti doit faire une pause avant le dernier set, avec un retour aux vestiaires pour se faire soigner. Quelques crampes et une douleur en bas du dos qui vont l’achever puisqu’il finit par abandonner, mené 4-0 dans la cinquième manche. «Je ne pouvais plus gagner un point, c’était la meilleure chose à faire», confesse-t-il en conférence de presse. L’enchaînement de deux matchs en cinq sets, les deux seuls de sa carrière d’ailleurs, aura eu raison de la jeunesse de l’Italien qu’on voyait mal tenir son rythme pendant plus de trois heures.

Scénario inattendu

Etonnante rencontre tout de même. «Pour moi, c’était une expérience fantastique, analyse l’Italien après le match. Je jouais de mon mieux, je n’ai jamais joué comme aujourd’hui.» Malgré son talent, on imaginait mal avant la rencontre Lorenzo Musetti prendre un set à au redoutable Novak Djokovic, dont la route devrait logiquement l’amener dans une demi-finale très attendue contre Rafael Nadal. Après une finale à Rome perdue contre l’Espagnol tout en lui prenant un set, on sent le Serbe déterminé à prendre sa revanche pour enfin le battre sur l’ocre parisien.

Chose rare, il a même participé au tournoi de Belgrade, la semaine qui a précédé Roland-Garros. Les grands champions sont plutôt du genre à se préserver sur les veilles de Grand Chelem. Mais il faut croire qu’un titre sur ses terres lui a permis d’arriver regonflé à bloc porte d’Auteuil. Et de remettre les pendules à l’heure après un début de match où certains le donnaient perdant une fois mené deux sets à rien.

Reste qu’on retiendra de ce match une performance trois étoiles pour Lorenzo Musetti. Classé à la 76e place de l’ATP, l’Italien promet de grimper rapidement. «S’il reste dans cette direction-là, il est sur le bon chemin pour devenir l’un des meilleurs joueurs», a salué, grand prince, son adversaire du jour. La hargne avec laquelle il a fait chanceler le numéro 1 mondial lui avait déjà permis de défaire d’autres têtes de série. En 2020, il s’était imposé face à Stan Wawrinka et Kei Nishikori à Rome en sortant des qualifs. Cette année, il est arrivé en demi-finale à Lyon et Acapulco, sorti à chaque fois par le Grec Stéfanos Tsitsipás. Si, cette fois encore, ça n’a pas suffi, l’Italien a été magistral sur l’ocre parisien. Il a mené l’une de ses plus belles campagnes. Et il y en aura bien d’autres.