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Réactions

Expulsion d’Australie de Djokovic: dans les vestiaires, les joueurs retiennent leurs coups

Invités à réagir au feuilleton qui secoue le tennis mondial, de nombreux joueurs du circuit professionnel ont esquivé le sujet, quand d’autres se sont montrés plus loquaces, soutenant le numéro 1 mondial ou appelant à un retour des débats autour de la balle jaune.
Novak Djokovic lors de son match contre Alexandre Zverev à Melbourne en février 2021. (David Gray/AFP)
publié le 16 janvier 2022 à 20h39

En privé ou en conférence de presse, pas un joueur de l’Association of Tennis Professionals (ATP) n’a échappé à la colle : et l’affaire «Novax» Djokovic, alors ? Depuis une dizaine de jours que le drama a commencé, et plus encore si l’on se souvient du mois de décembre lors duquel la participation du Serbe à l’Open d’Australie était inscrite en pointillé, c’est peu dire que la congrégation des joueurs n’est pas venue à la rescousse de leur numéro 1 non-vacciné. Sans pour autant achever Djokovic, l’Ecossais Andy Murray résumant l’histoire à une question d’honneur : «Je ne vais pas lui taper dessus pendant qu’il est à terre…»

Dans leur majorité, les joueurs ont repoussé les interrogations d’une pichenette. Pas d’abonnement aux journaux («je ne connais pas bien les faits»), du tiède («tout le monde sort perdant») ou, pour les plus précis, l’identité de la vraie victime, celle dont la parole est bâillonnée («on a passé deux semaines à ne pas parler de tennis, place au jeu maintenant»). Tout ça n’est pas étonnant : le milieu a généralement tendance à foutre sous le lit les chaussettes puantes.

Certains se sont mouillés, comme son ami Alexander Zverev («Djokovic est une superstar de dimension mondiale, quelqu’un dont on peut se servir»), le non-vacciné Tennys Sandgren («S’il est expulsé, il est clair que c’est politique») et le local Nick Kyrgios, joueur sans filtre, qui veut «se balader dans Melbourne avec mon masque Djokovic», ce qui n’est pas rien quand on sait que l’Australien tambourine sur le Serbe comme un punching-ball depuis des lustres.

«Aucun d’entre nous ne l’a défendu»

A scruter le flot des commentaires, certaines voix pèsent plus que d’autres. En premier lieu celle de Rafael Nadal, tête de série numéro 6 du tournoi, qui ferraille avec Djokovic dans la légende de leur sport. «Je suis en désaccord avec beaucoup de choses qu’il a faites ces deux dernières semaines», a réagi samedi l’Espagnol, qui répète de longue date son soutien à la vaccination. Avant de terminer le travail : «L’Open d’Australie est bien plus important que n’importe quel joueur. Ce sera un grand [tournoi] avec ou sans [Djokovic].»

La numéro 1 française Alizé Cornet a soulevé un point crucial qui permet de remettre de l’ordre : «Ce que je sais, c’est que Novak est toujours le premier à défendre les joueurs. Mais aucun d’entre nous ne l’a défendu.», a-t-elle tweeté. Ce qui en dit long aussi sur les séquelles que l’affaire pourrait entraîner pour Djokovic, qui a créé un syndicat des joueurs en 2020 et n’est pas le dernier pour protéger le circuit face aux instances.

«La décision de confirmer l’annulation du visa australien de Novak Djokovic met un terme à une série d’événements profondément regrettables», a écrit l’ATP, qui va où le vent l’emmène. Et de préciser, comme s’il était nécessaire : «Les décisions de justice concernant des questions de santé publique doivent être respectées.» Reste l’homme qui devait affronter ce lundi «Nole», remplacé par l’Italien Salvatore Caruso, son compatriote serbe Miomir Kecmanovic. Lui aussi parle en quelque sorte d’honneur : il a annoncé vouloir, «d’une certaine manière», «venger» le monarque.