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Roland-Garros

Gaël Monfils, pas encore au point sur l’offensif

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Malgré un premier match encourageant, le Français n’a pas trouvé la solution face au Suédois Mikael Ymer, 105e joueur mondial, au second tour. Le tricolore, qui fait évoluer son jeu avec son nouveau coach, se cherche encore.
Gaël Monfils lors de sa défaite face au Suédois Mikael Ymer, ce jeudi à Paris. (Mathias Depardon/Libération)
publié le 3 juin 2021 à 19h09

Celle-là, on ne l’avait pas vu venir. Le bilan des tricolores n’est certes pas des plus radieux – c’est un euphémisme – depuis le début de la compétition, mais vu la prestation encourageante de Gaël Monfils sur son premier match face à l’Espagnol Albert Ramos-Viñolas, tous les espoirs étaient permis pour son second tour. Mais le Français, visiblement touché physiquement, n’a pas trouvé la solution pour se sortir des griffes du jeune Suédois Mikael Ymer, 105e mondial (6 -0, 2-6, 6-4, 6-3).

La tête de série numéro 14 se cherche. Doit-il avancer ou reculer ? Calmer le jeu ou mettre une latte ? Les questions se bousculent dans sa tête depuis qu’il cherche à faire évoluer son jeu vers l’avant. Un travail entamé depuis le début de l’année avec son nouveau coach, l’Autrichien Günter Bresnik. Visiblement pas encore en phase avec ce nouveau schéma agressif, «La Monf» s’est emmêlé les pinceaux durant son deuxième tour.

Dans un remake du premier set perdu 6-1 en vingt-trois minutes face à Ramos-Viñolas, Gaël Monfils balance littéralement la première manche 6 -0 (seize fautes directes) face à Ymer. Si l’on est habitué au début de match diesel du tricolore, l’inquiétude monte dans les tribunes du Suzanne-Lenglen lorsqu’il montre des signes de blessures. Grinçant des dents en montrant son genou gauche, il finit par quitter le court avec le kiné à la fin du set.

«C’est un match que je dois gagner en l’état»

De retour sur le terrain après quelques minutes de traitement, le Monfils de la deuxième manche est beaucoup plus conquérant. Si la crispation et le doute se lisent toujours sur son visage, le Français breake d’entrée. Face à un Mikael Ymer impassible, Gaël Monfils tient l’échange, remporte quelques rallyes et se relance complètement dans le match jusqu’à remporter sans difficulté la deuxième manche et mener 4-2 dans la troisième. Mais là patatras… Le Français repart sans raison dans les travers du premier set, donnant énormément de points en forçant côté coup droit comme revers.

Il n’en fallait pas plus pour le jeune Suédois. Constant depuis le début de la rencontre, il profite des baisses de régime de son adversaire. Résultat : le match tourne à nouveau complètement et Monfils prend sept jeux d’affilée dans la vue. Trop imprécis dans son placement, continuant de forcer en prenant la balle tard, le voilà mené deux sets à un et 3 -0 dans la quatrième manche. Malgré un sursaut d’orgueil bien tardif à 5-1, le tricolore finit par céder sur une 62e faute directe et quitte le court la tête basse face à un public abasourdi.

«C’est très dur, je fais encore un mauvais début de match… C’est un match que je contrôle plutôt bien ensuite, je m’excuse auprès de tous mes fans, de toutes les personnes qui ont dû regarder ça. Je suis tellement déçu de ne pas avoir trouvé la solution pour enfoncer le clou…» confie-t-il en conférence de presse après son match, visiblement touché par cette défaite au goût amer. S’il se refuse à commenter sa gêne physique, la balayant d’un «je n’en parlerai pas. J’ai perdu, je dois mieux faire, beaucoup mieux… C’est un match que je dois gagner en l’état», le tricolore est conscient que la route sera probablement longue avant d’intégrer complètement son nouveau plan de jeu. «J’ai essayé de changer ma façon de jouer. Gaël Monfils 60 fautes directes, c’est rare de voir ça. En même temps, c’est là que je fais évoluer mon jeu, je tente de nouvelles choses, je vais dans un endroit que je connais moins bien. J’en ai parlé avec mon coach Günter : il faut se forcer à y aller, même s’il y a des fautes. On se dit qu’on va être plus agressifs, qu’on va chercher plus de choses. Si je me remets à limer, ce n’est pas dans la continuité. C’est un nouveau style qui se pose progressivement, en espérant que ça se pose au plus vite.»

«C’est un magicien, il est capable de nous faire rêver»

En souffrance depuis plusieurs mois maintenant, Gaël Monfils cherche désespérément le chemin de la victoire. Complètement hagard devant la presse avant d’entamer le tournoi, il avait tristement résumé sa situation : «Dans ma vie personnelle, ça va hyper bien, et dans ma vie professionnelle, ça ne va pas.» Après une fin d’année 2020 catastrophique sans aucune victoire en quatre matchs, il n’a guère fait mieux avant d’arriver à Roland-Garros. Défait d’entrée à l’Open d’Australie, s’effondrant en conférence de presse, le Français reprend la compétition début mai à Rome après une blessure au mollet. Mais les résultats ne sont pas là : une seule petite victoire à se mettre sous la dent en trois tournois (Rome, Lyon et Belgrade).

Pour tenter de briser ce cercle vicieux, Gaël Monfils travaille depuis janvier avec l’Autrichien Günter Bresnik, qui a notamment été aux côtés du numéro 4 mondial, Dominic Thiem. Pour celui-ci, il n’y a aucun doute : le Français est tout à fait capable de retrouver son meilleur niveau. «Avec une seule victoire à son actif, c’est difficile pour lui d’être en confiance… Mais il a eu de très bonnes séquences sur ses derniers matchs. Il n’est pas encore capable de jouer comme ça durant un match entier comme un Nadal ou un Rublev des bons jours, mais durant son premier tour, il a trouvé un bon équilibre entre jouer safe” et attaquer au bon moment, explique le coach à Libération juste avant le deuxième tour. Cela peut prendre du temps… mais s’il commence à gagner quelques matchs en jouant de cette manière, il peut vite devenir un joueur très agressif. Mais c’est difficile d’aller contre sa nature. Plus il aimera jouer ainsi, plus il le fera et cela deviendra naturel. Lorsque les voyants sont au vert, il est capable de battre n’importe qui. C’est un magicien d’une certaine manière, il est capable de nous faire rêver.»