Il avait très peu parlé jusqu’ici. Presque mutique auprès des médias depuis sa victoire à l’Open d’Australie en début d’année. Bientôt de retour à la compétition au Master 1 000 de Rome à partir du 4 mai, après trois mois d’une suspension controversée pour dopage au clostebol, Jannik Sinner est sorti du bois en acceptant un entretien à la Rai. Diffusé dans la soirée du mardi 29 avril, il a essentiellement été question de l’affaire et de sa gestion émotionnelle des dernières semaines.
«Je ne veux pas répondre ou réagir (aux critiques), ils sont libres de dire ce qu’ils veulent et juger les gens. Pour moi, ce qui compte c’est que je sais ce qu’il s’est passé, c’était difficile et je ne souhaite à personne de passer d’innocent à vivre ce que j’ai vécu», a assuré le triple vainqueur en Grand Chelem.
Contrôlé positif au clostebol en mars 2024, Jannik Sinner avait expliqué la présence à très faible quantité de cet anabolisant dans ses échantillons par une contamination accidentelle, via un massage prodigué par son physiothérapeute de l’époque Giacomo Naldi - ce dernier ne figure plus dans l’équipe de Sinner. Il avait été initialement blanchi par l’Agence pour l’intégrité du tennis (Itia), entité en charge de la gestion des cas de dopage dans le tennis, décision que l’Agence mondiale antidopage (AMA) a contestée devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour demander un à deux ans de suspension. Début février, Sinner et l’AMA ont finalement conclu un «accord de règlement» pour une suspension de trois mois qui prendra fin le 4 mai. Un accord critiqué par plusieurs joueurs et joueuses, en activité ou retraité, et au-delà du monde du tennis.
Profil
«J’ai été un peu critiqué sur le fait que j’aurais été traité différemment, mais ce n’est pas vrai. Personne n’a de traitements de faveur», s’est défendu l’Italien à la Rai. «Il y a eu tant et tant d’audiences (des autorités antidopage), on m’a contrôlé peut-être plus que les autres», a poursuivi Sinner qui doit faire son retour à l’occasion du Masters 1 000 de Rome (7-18 mai).
«Douze mois de difficultés»
«A mes yeux, quand il y a contamination comme cela s’est produit pour moi, ou si tu absorbes quelque chose en mangeant sans t’en rendre compte comme cela peut arriver et que les docteurs disent que cela ne te donne pas plus de force ou de lucidité, c’est une autre affaire, il y a tout un protocole», a développé Sinner en évoquant son cas. Un épisode qu’il ne parvient pas encore à digérer : «J’ai vraiment eu du mal à accepter ces trois mois de suspension, car dans mon esprit, je n’ai rien fait de mal», a relevé le joueur de 23 ans.
Toujours au sommet du tennis mondial malgré cette absence forcée, Sinner est revenu sur son exercice 2024 disputé sous la menace d’une longue suspension, qui ne l’a pas empêché de remporter huit titres, dont deux Majeurs - l’Open d’Australie, l’US Open - ainsi que les prestigieux Masters ATP, l’échelon juste en dessous d’un tournoi Grand Chelem. «Je ne me sentais pas comme un joueur devrait se sentir sur le terrain, on s’entraîne pour se faire plaisir en faisant des grands matches et ce plaisir disparaissait jour après jour», a malgré tout avoué le joueur, évoquant pour la première fois un certain mal-être.
Durant «ces douze mois de difficultés», il a dit avoir touché le fond en janvier à l’Open d’Australie, ressentant l’envie de «tout laisser tomber». «Je n’étais pas à l’aise dans les vestiaires, au restaurant du tournoi, les autres joueurs me regardaient de façon différente, s’est épanché le revenant. Ce ne plaisait pas du tout, je me suis dit que vivre le tennis comme ça me pesait beaucoup». Mais l’ambiance à la cantine et dans les couloirs des tournois aura-t-elle vraiment changé depuis février ? Seule certitude, son come-back et ses performances sur les courts romains seront scrutés de très près, moins d’un mois avant Roland-Garros.