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Balles neuves

Avant l’Open d’Australie, Djokovic engagé dans un nouveau contre la montre judiciaire

Le gouvernement australien a décidé d’annuler une nouvelle fois le visa du numéro 1 du tennis mondial. Le Serbe pourrait donc être expulsé avant le début de l’Open d’Australie, qui débute lundi.
Novak Djokovic lors d'une séance d'entraînement avant le tournoi de tennis de l'Open d'Australie à Melbourne le 13 janvier. (MIKE FREY/AFP)
publié le 14 janvier 2022 à 8h04
(mis à jour le 14 janvier 2022 à 12h43)

Au terme d’une saga sanitaire et sportive de dix jours, Novak Djokovic a vu vendredi son visa de nouveau révoqué par le gouvernement australien en raison de doutes sur les justifications apportées par le joueur serbe sur son exemption de vaccin contre le Covid-19. L’équipe d’avocats du numéro un mondial a contesté illico cette décision devant une cour fédérale de Melbourne.

En début de soirée (heure locale) vendredi, ils ont obtenu que leur client ne soit pas placé en détention pour l’instant. En revanche, Novak Djokovic doit se présenter samedi aux aurores devant les services de l’immigration, qui pourraient à ce moment-là décider de l’enfermer à nouveau, le temps que la justice statue sur son cas.

Plus tôt dans la journée, le ministre de l’Immigration australien, Alex Hawke, avait exercé son pouvoir discrétionnaire pour révoquer le visa de «Nole». Cette décision très politique, alors que le gouvernement était sous pression à quelques mois des élections prévues en mai, peut-être lourde de conséquences si la justice ne donne pas raison au Serbe : elle implique une interdiction d’entrée en Australie de trois ans pour Novak Djokovic.

«Pour prendre cette décision, j’ai soigneusement examiné les informations qui m’ont été fournies par le ministère de l’Intérieur, l’Australian Border Force et monsieur Djokovic, a expliqué le ministre dans un communiqué. J’ai exercé aujourd’hui le pouvoir que me confère l’article 133C (3) de la loi sur les migrations pour annuler le visa détenu par monsieur Novak Djokovic pour des raisons de santé […] au motif qu’il était dans l’intérêt public de le faire.»

Le Premier ministre australien, Scott Morrisson, a conforté dans un communiqué la décision de son ministre de l’Immigration d’expulser le joueur : «Les Australiens ont fait de nombreux sacrifices pendant cette pandémie, et souhaitent à juste titre que le résultat de ces sacrifices soit protégé.»

L’appel ou l’avion

Le numéro 1 du tennis mondial figure pourtant dans le tableau de l’Open d’Australie, dont le tirage a eu lieu jeudi : il devait jouer contre le Serbe Miomir Kecmanovic, 78e mondial, au premier tour. Ces derniers jours, indépendamment des nombreux débats à son sujet, il a continué à s’entraîner à Melbourne dans l’espoir de conquérir un 10e titre à l’Open d’Australie, et une 21e victoire en Grand Chelem, ce qui serait un record.

Quand la décision du gouvernement est tombée, les avocats du Serbe de 34 ans ont, sans surprise, très rapidement fait appel. Ils ne pouvaient tarder à faire un recours car «Nole» risquait d’être renvoyé chez lui avant même la fin de la journée, ou placé à nouveau dans le Park Hôtel de Carlton. A son arrivée à Melbourne le 5 janvier, il avait déjà dû dormir pendant cinq nuits dans cet hôtel où sont détenus des étrangers en situation irrégulière durant parfois plusieurs années. Avant que ses avocats remportent une éclatante victoire le 10 janvier, en obtenant du juge fédéral Anthony Kelly qu’il rétablisse son visa et ordonne sa libération immédiate.

Novak Djokovic «a joué selon ses propres règles»

Plus tôt dans la semaine, le numéro 1 mondial avait admis avoir rempli incorrectement sa déclaration d’entrée en Australie, et ne pas avoir respecté les règles d’isolement après un test positif au Covid-19 en décembre en Serbie. Il espérait que cette contamination lui permettrait de bénéficier d’une exemption pour entrer en Australie sans être vacciné. Dans un long message publié mercredi sur Instagram, il avait cependant reconnu certaines «erreurs de jugement». Tout en remettant en partie la faute sur ses conseillers.

Depuis le début de l’affaire, certains joueurs ont plaidé pour que Djokovic puisse participer au Grand chelem malgré les scandales. Quand d’autres se sont montrés beaucoup plus critiques. Novak Djokovic «a joué selon ses propres règles» en choisissant de ne pas se faire vacciner avant l’Open d’Australie et «fait passer la majorité des joueurs pour des idiots», a estimé jeudi le Grec Stefanos Tsitsipas, numéro 4 mondial, dans une interview au média indien WION. «Ça demande beaucoup de culot de le faire et ça met tout le tournoi en danger… Je ne pense pas que beaucoup de joueurs feraient cela», a-t-il ajouté.

Mis à jour à 12h20 avec la décision du gouvernement de ne pas renvoyer Novak Djokovic pour l’instant et sa comparution programmée pour samedi matin.