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Justice

L’ex-tennisman Boris Becker, en faillite, condamné à deux ans et demi de prison notamment pour avoir caché de l’argent

Reconnu coupable d’avoir caché 3 millions d’euros par la justice britannique, l’ex-roi du tennis mondial a été condamné ce vendredi à deux ans et demi de prison au Royaume-Uni.
Boris Becker, 54 ans, ce vendredi à Londres. (Frank Augstein/AP)
publié le 29 avril 2022 à 18h38

La sanction est lourde. Boris Becker est condamné ce vendredi à deux ans de demi de prison par la justice britannique pour quatre chefs d’accusations liés à sa faillite personnelle. L‘ex-joueur de tennis allemand de 54 ans va ainsi être incarcéré après avoir été déclaré coupable notamment d’avoir caché 2,5 millions de livres sterling (3 millions d’euros) d’avoirs et de prêts pour éviter de payer ses dettes.

Il est notamment reproché à l’ancien numéro 1 mondial de tennis d’avoir transféré des centaines de milliers de livres sterling d’un compte professionnel sur d’autres comptes, notamment de ses ex-épouses, de ne pas avoir déclaré une propriété en Allemagne et d’avoir caché un emprunt de 825 000 euros et des parts dans une société.

Boris Becker est arrivé ce vendredi matin en taxi au tribunal, marchant main dans la main avec sa compagne, Lilian de Carvalho Monteiro, avant de rentrer dans l’édifice. Visage grave, il portait une cravate violette et verte, les couleurs de Wimbledon, tandis que son fils aîné, Noah, 28 ans, est entré avec un sac de sport.

La procureure Rebecca Chalkley l’avait accusé d’avoir utilisé un compte professionnel comme une «tirelire» pour des dépenses du quotidien ou les frais de scolarité de ses enfants. Boris Becker, qui conteste l’intégralité des charges, a été acquitté de vingt autres chefs d’accusation, y compris ceux qui concernaient la disparition de ses trophées. Il avait assuré à l’audience qu’il ignorait où ils se trouvaient.

Récompenses perdues

Parmi les neuf distinctions sur lesquelles les créanciers auraient aimé mettre la main figurent deux de ses trois coupes remportées à Wimbledon, deux trophées de l’Open d’Australie et sa médaille d’or du double aux JO de 1992.

L’ancienne star du tennis a indiqué lors du procès qui s’est tenu du 21 mars au 8 avril avoir encore en sa possession «beaucoup» de récompenses et de souvenirs amassés en quinze ans sur le circuit, mais certains ont disparu.

Il avait déjà vendu aux enchères une partie de ses récompenses pour 700 000 livres (840 000 euros) afin d’éponger une partie de ses dettes. A l’époque de sa banqueroute, les dettes du joueur étaient estimées allant jusqu’à 50 millions de livres sterling (59 millions d’euros).

L’annonce de sa faillite était intervenue quelques jours avant le tournoi de Wimbledon, sur lequel l’ancien tennisman travaillait pour la BBC et des télévisions australiennes et japonaises. A l’audience, il avait raconté à quel point il avait été «choqué par la situation». «C’était partout aux informations, j’ai passé les portes de Wimbledon et tout le monde savait. J’étais embarrassé parce que j’étais en faillite», avait-il déclaré.

«Marque Becker» ternie

Selon l’ex-numéro 1 mondial, sa banqueroute et son traitement dans les médias ont mis à mal la «marque Becker», si bien qu’il a ensuite eu des difficultés à rembourser ses dettes. Cette affaire n’est pas la première pour l’Allemand à la retraite sportive agitée, qui avait habité à Monaco et en Suisse, avant de s’installer en Angleterre.

Il a déjà eu des déboires judiciaires pour des dettes impayées avec la justice espagnole concernant des travaux dans sa villa de Majorque et avec la justice suisse pour ne pas avoir payé le pasteur qui l’avait marié en 2009. En 2002, la justice allemande l’avait également condamné à deux ans de prison avec sursis, ainsi qu’à 500 000 euros d’amende pour quelque 1,7 million d’euros d’arriérés d’impôts.

Acculé par la justice britannique, il tente en 2018 un ultime coup de poker, affirmant avoir été nommé «attaché» auprès de l’Union européenne pour les affaires culturelles, sportives et humanitaires par le président centrafricain. Son avocat avait argué que son rôle lui accordait une immunité diplomatique l’empêchant d’être poursuivi pour le paiement d’autres dettes, avant de renoncer à cette revendication.