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QR code

Open d’Australie : le clan Djokovic a-t-il falsifié un test PCR positif du joueur ?

Une enquête conjointement menée par «Der Spiegel» et le site en ligne Zerforschung, publiée mardi, montre que le clan du Serbe aurait modifié la date de son test positif du 16 décembre. En réalité, le test aurait été effectué le 26.
Novak Djokovic, sur un court de l'Open d'Australie à Melbourne, le 11 janvier 2022. (Kelly Defina/AP)
publié le 11 janvier 2022 à 22h05

Novak Djokovic a mis les pieds pour la première fois sur le site de l’Open d’Australie et sa Rod Laver Arena ce mardi. Tout sourire : le Serbe avait remporté la veille une précieuse victoire judiciaire contre le gouvernement australien. Le champion, arrivé à Melbourne dans la nuit de mercredi à jeudi, avait vu son visa annulé et avait passé les quatre jours suivants dans un centre de rétention pour migrants avant que le juge du tribunal fédéral de Melbourne ne lui donne gain de cause lundi.

Le numéro un mondial n’a pas de quoi être totalement soulagé pour autant. Sa participation est toujours en suspens : son visa peut encore être révoqué. Un porte-parole du ministre de l’Immigration, Alex Hawke, a déclaré qu’il «envisageait d’annuler le visa de Novak Djokovic» en utilisant ses pouvoirs ministériels, mais a refusé d’en dire davantage pour des raisons juridiques.

Surtout, de nouveaux éléments pourraient venir fragiliser la position du numéro un mondial. Un : contrairement à ce qu’il a déclaré dans un document officiel rempli lors de son arrivée en Australie, le joueur de 34 ans a voyagé entre la Serbie et l’Espagne fin décembre, comme l’attestent plusieurs publications dans la presse internationale et sur les réseaux sociaux.

Deux : une collaboration entre le très sérieux quotidien allemand Der Spiegel et le site indépendant d’analyses de données en ligne Zerforschung met en lumière ce mardi un autre détail troublant parmi les documents fournis par le clan Djokovic.

Un QR code révélateur

Lorsqu’il a atterri dans le pays le 5 janvier, le nonuple vainqueur de l’Open d’Australie était muni d’une exemption médicale de vaccination justifiée par deux certificats de test PCR. L’un positif au Covid, daté du 16 décembre 2021. L’autre négatif, en date du 22 décembre.

Or, selon l’enquête réalisée par les médias allemands, le test positif aurait en réalité été effectué le 26 décembre. En Serbie, les résultats des tests PCR sont enregistrés dans un registre central qui répertorie tous les résultats de tests, accessible via un QR code présent sur le certificat de test de la personne.

En scannant le QR code, le patient ne peut accéder qu’à une partie des informations concernant le test : le nom de la personne testée, le résultat du test et un numéro de test. En théorie, il n’est donc pas possible de vérifier quand le test a été effectué. Sauf que le QR code permet également d’accéder, dans l’URL du fichier, au nombre correspondant au «Timestamp Unix» : un format de mesure de date représentant la quantité de secondes écoulées depuis le 1er janvier 1970 à minuit.

En convertissant cette sorte de repère temporel, les journalistes ont pu vérifier si les dates mentionnées par le clan Djokovic correspondaient bien au numéro Unix. Dans le test négatif du 22 décembre, l’horodatage et la date du certificat de test correspondent. Pour le test PCR positif du champion, qui selon le document du tribunal a été évalué le 16 décembre, le numéro d’identification du test du 16 (1 640 524 880) correspondrait non pas au 16 mais à l’un de ceux recensés dans la journée du 26 décembre.

Jusqu’à trois ans de suspension en cas de falsification

Dit autrement : le clan serbe aurait falsifié le test positif effectué par Djokovic le 26 décembre, en l’antidatant de dix jours. La manœuvre tendrait à expliquer pourquoi le Serbe apparaissait au beau milieu du public sans masque les 17 et 18 décembre, tels que l’ont montré plusieurs posts sur les réseaux sociaux. Sur le site HackerNews, un internaute donne toutefois une explication plausible concernant ces timestamps : ils sont régénérés lors de chaque téléchargement du fichier pdf où figure le résultat du test. Ce qui peut donc «expliquer certaines incohérences», précise Zerforschung. Mais une autre zone d’ombre subsiste : elle concerne le «code de confirmation», une autre suite de chiffres présente sur le même document, dont la première partie correspond au numéro ID du test. Pour Djokovic, le numéro ID du test positif (n° 7371999) serait postérieur à celui négatif du 22 décembre (n° 7320919), alors qu’il devrait être inférieur. Or ces numéros «restent les mêmes», peut-on lire sur Zerforschung.

Le Serbe aurait-il falsifié les dates de ses tests pour être sûr d’être conforme aux critères d’entrée sur le territoire australien, ainsi qu’au protocole en vigueur à l’Open d’Australie ? Dans un courrier adressé aux joueurs en novembre dernier, l’ATP avait pourtant été claire : un joueur coupable d’une fausse déclaration concernant son statut vaccinal sera puni par l’instance. Les sanctions mentionnées dans le texte vont de la simple amende (jusqu’à 100 000 dollars) et /ou d’une suspension de participation aux tournois ATP Tour ou ATP Challenger sur une période pouvant aller jusqu’à trois ans.