Faute ? Révélée le 20 décembre, l’affiche créée pour l’édition 2024 du tournoi de Roland-Garros, confectionnée par le photographe Paul Rousteau, heureux gagnant du concours organisé chaque année pour représenter les Internationaux de France de tennis, fait polémique. Que montre l’image ? Un grand soleil balle de tennis surplombe la Seine, au loin la tour Eiffel et sur le fleuve, couleur terre battue, un court de tennis qui se distingue. Le tout fait de petites touches de pinceau, façon impressionniste. L’artiste a expliqué, vendredi 22 décembre, dans un entretien avec Numerama, avoir réalisé son travail en partie grâce au logiciel d’intelligence artificielle Midjourney.
Dans cette interview, Paul Rousteau raconte la genèse de cette affiche, «une composition» selon lui, «un marqueur temporel» qui fait «sens avec l’époque». Il revient surtout sur sa rencontre avec le logiciel Midjourney et comment il a «souscrit un compte payant». «Ma partie préférée de l’histoire de l’art, c’est l’impressionnisme. La photo a permis de se libérer de pas mal de règles. J’ai testé plein de courants différents avec Midjourney. J’ai dû taper un prompt [ndlr : une commande] sur l’impressionnisme avec la Seine, Paris, le paysage. Et à un moment, cette image est sortie au format carré, sans terrain de tennis. C’était la plus pertinente», explique tout simplement l’auteur de l’affiche, que Libération n’est pas parvenu à joindre.
«Un pastiche impressionniste»
Sur les réseaux sociaux, on s’accorde moins autour de cette apparente pertinence. Sur Instagram, l’illustrateur Mathieu Persan s’est par exemple insurgé contre le choix de cette affiche. «Donc, Roland-Garros et la FFT confient la réalisation de l’affiche officielle du tournoi 2024 à un photographe, qui utilise de l’IA pour faire une illustration qui ressemble à un pastiche impressionniste. C’est absolument pathétique», écrit l’illustrateur. Un autre graphiste commente : «voilà déjà des dérives. Quel malheur si même de grandes institutions ne font plus appel à des professionnels de l’image. C’est sans émotion évidemment mais c’est juste un coup de pub…»
Auprès de Numerama, Paul Rousteau s’interroge : «ça fait douze ans que je suis photographe, pourquoi s’interdire de découvrir des choses ? Je n’ai pas d’idées préconçues», répond-il. «J’aime bien les débats. Beaucoup voient un problème avec ça, mais quand la photographie est apparue, elle a aussi créé des débats. Je préfère embrasser les choses plutôt que de dire : “C’est nul, je ne veux pas le faire”. C’est un prétexte d’expérimentation», se justifie l’artiste, qui assure au passage ne pas savoir quelle utilisation future il fera du logiciel Midjourney. «Je pense plus à faire de la peinture en vrai. Je préfère être dans la vraie vie.»