Chaque année depuis 2021, l’année de leur création à Roland-Garros, les «night sessions», ou sessions nocturnes, sont accompagnées de leur lot de polémiques. Pas assez de femmes programmées en prime time (aucun match féminin en 2024, un seul l’an passé) ; rencontres diffusées sur une plateforme privée (Prime Video) ce qui exclut nombre de téléspectateurs ; horaires tardifs qui pénalisent autant les joueurs que les spectateurs ; loges à moitié vides… Les critiques adressées au tournoi sont nombreuses. Cette année, c’est la rencontre entre Novak Djokovic et Lorenzo Musetti qui les a ravivées.
A cause d’un match déplacé en fin d’après-midi sur le court central en raison de la pluie, la rencontre entre le Serbe et l’Italien n’a pu débuter samedi qu’à 22 h 30, pour se terminer ce dimanche à… 3 h 07 du matin. «Qui joue à deux heures du matin ? […] Je ne veux pas rentrer dans ce débat, mais je pense que certaines choses auraient pu être organisées différemment, a sobrement déclaré Novak Djokovic après. Il y a une certaine beauté à remporter un match à trois heures du matin si c’était le dernier du tournoi, mais là, ce n’était pas le cas.»
Santé et sécurité
Interrogée au sujet de ces rencontres nocturnes après sa victoire expéditive ce dimanche contre l’Italienne Elisabetta Cocciaretto, Coco Gauff s’est montrée plus tranchante : «Je pense vraiment que pour la santé et la sécurité des joueurs, il serait dans l’intérêt de notre sport d’essayer d’éviter que des matchs commencent après une certaine heure.» L’Américaine rappelle par ailleurs que la journée des joueurs ne se termine pas à la fin de leur match : les rencontres sont suivies d’un passage obligatoire devant les médias, puis d’un temps de récupération – massages ou bain froid. Sans parler de l’adrénaline qui met du temps à redescendre, comme le soulignait Djokovic ce dimanche. Finir un match à trois heures du matin, ça implique de «ne pas aller au lit avant cinq heures au plus tôt, voire peut-être six ou sept», assure Coco Gauff.
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Pour sa part, la numéro 1 mondiale, la Polonaise Iga Swiatek s’interroge sur l’intérêt de ces rencontres nocturnes pour les spectateurs. «Je ne sais pas si les fans regardent ces matches s’ils doivent aller travailler le lendemain», a déclaré la triple vainqueur du tournoi ce dimanche. Avant de rappeler que les joueurs n’ont pas vraiment leur mot à dire sur le sujet : «Cela ne dépend pas de nous. Nous sommes obligés d’accepter tout ce qui se présente à nous.»
Tout aussi tardive qu’elle ait été, la rencontre entre Novak Djokovic et Lorenzo Musetti est loin d’être un record en la matière. Les spectateurs de l’Open d’Australie sont notamment habitués aux rencontres à rallonge. L’année dernière, Andy Murray avait ainsi terminé son deuxième tour à Melbourne à 4 h 08. Le record date de 2008, toujours en Australie : le dernier échange entre Lleyton Hewitt et Marcos Baghdatis avait eu lieu à 4 h 34.
En début d’année, l’ATP avait commencé à s’attaquer au problème des rencontres tardives. Désormais, aucun match n’est censé débuter après 23 heures. Novak Djokovic a eu chaud. Wimbledon, qui a instauré un couvre-feu de longue date, est plus radical encore : aucun point n’est censé être joué après 23 heures.